Si j’avais rematé Trainspotting, c’était surtout pour regarder cette suite improbable. C’est vaguement l’adaptation du roman Porno qui fait suite lui-même au roman Trainspotting. Entre temps, les temps ont changé, Danny Boyle aussi.


À la fin de Trainspotting, Mark Renton se barrait avec le fric d’un deal, laissant cois ses amis et complices. Vingt ans plus tard, il revient à Édimbourg pour … solder les comptes ? Faire le bilan ? Se retrouver ? Retrouver ses chaînes ?


Il s’en passe des choses en vingt ans et les 20 premières minutes vont se charger de nous expliquer en quoi rien n’a vraiment changé pour les trois zozos restés au pays. Édimbourg brille par sa modernité et son ouverture quand Sick Boy est toujours un petit escroc, Spud toujours un camé et Begbie toujours un psychopathe. Et Mark ? L’ailleurs l’a-t-il changé ? Mark se cache encore derrière une apparente bienveillance et l’illusion qu’il s’en sort. Seulement voilà, en vrai, on ne change pas (Céline, si tu m’entends) et on porte éternellement les fers de son milieu d’appartenance. Au final, le film semble confirmer le « no future » caché dans le « choose life » du premier opus. Si l’humour n’est pas absent de ce droit de suite, on reconnaîtra qu’il est largement teinté d’amertume. Le film n’envoie plus valser les conventions mais finit par les embrasser comme une planche de salut pour ces personnages en perdition. On le voit, le cœur du film est dans ce destin implacable. En conséquence, les péripéties crapuleuses de nos personnages tapent à chaque fois un peu à côté et sont finalement anecdotiques en plus de ne pas toujours être réalistes ou cohérentes. À la mise en scène, on oubliera le choc de 1996. Depuis, Boyle a développé un style clinquant qu’on reconnaît dans chacun de ses films (depuis la Plage pour être précis). C’est souvent joli, mais artificiel la plupart du temps. Ainsi, il y a sa marotte à vouloir filmer à travers des vitres, sans point de vue particulier. Il n’y a pas à dire, la photo est parfaite mais le résultat s’en trouve désincarné. À l’interprétation, c’est cohérent. On notera que Ewen Bremner tient parfaitement son personnage de Spud, probablement le meilleur personnage du film à qui on offre davantage de profondeur et d’humanité.


En bref, rien de désagréable et quelques très bons moments mais le film passe à côté de son sujet à vouloir artificiellement reproduire quelque chose qui n’existe plus. Une suite qui n’était donc pas nécessaire, qui cultivera davantage le spleen que la nostalgie. Car il faut se rappeler que quand on ne s'est pas revu depuis vingt ans, soit on a plein de choses à se dire, soit au contraire, on ne fait que comprendre pourquoi l’on ne s’est pas fréquenté pendant si longtemps.


La scène qu’on retiendra ? Il y a UNE scène qui est réellement à mourir de rire. Il faut voir Ewan McGregor et Jonny Lee Miller improviser un hymne unioniste dans une boite de beaufs anglais, l’un au chant, l’autre au piano, c’est proprement fabuleux !

Konika0
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le 9 mai 2024

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