On reprend les mêmes ingrédients avariés et on recommence

Gros carton de l'année 2008, Taken premier du nom avait été une grosse surprise au box-office. Bon nombre de spectateurs ayant "kiffé leur maman" cette production française qui alignait les images de Liam Neeson déglinguant de l'albanais à Paris qu'on aurait pu renommer Bagdad sur le coup. Si pas mal de personnes y ont vu un film d'action efficace, je n'y ai vu que xénophobie, ode à une certaine idéologie sécuritaire, amas de clichés et action épileptique. De quoi partir très confiant sur le potentiel nauséabond de ce deuxième volet réalisé par Olivier Megaton. J'aime m'auto-flageller vous dis-je, les mauvais films sont comme une cure pour moi... Alors analysons l'ampleur du carnage, exorcisons nos maux et prions mes frères car nous allons encore subir un choc cérébral.



Très clairement je n'attendais strictement rien de ce film, j'espérais juste que ce ne soit pas trop chiant. Après tout, les blockbusters formatés comme celui-ci sont faits pour qu'on ne s'emmerde pas et qu'on perde nos neurones sans voir le temps passer. Et bah là même pas, c'est juste chiant comme la pluie. En fait on se tape une première demi-heure d'un ennui abyssal où l'on voit toute la petite famille presque recomposée vaquer à ses occupations quotidiennes.

Liam Neeson renoue des liens cordiaux avec son ex-femme en pleine procédure de divorce. Je n'ai même pas envie de vous faire deviner l'évolution de leur relation, ce serait pisser sur votre intelligence. On revoit également leur fille qui a eu la particularité de rester vierge après avoir passé quelques semaines prisonnière de proxénètes. On voit que celle-ci a un copain, aurait-elle enfin franchi la ligne? On ne le saura pas bien entendu. Bordel mais cette gonzesse ne sait pas jouer et a des atouts mammaires non négligeables. Ils pourraient quand même nous en montrer plus pour non seulement revoir notre jugement sur le jeu de l'actrice mais aussi pour qu'on sache si le problème de sa virginité a été résolu.

Avant qu'on observe la vie passionnante de la fille qui va repasser son permis de conduite, de Liam Neeson qui attend que l'heure soit ronde avant de sortir de la voiture et de l'ex-femme qui se lamente devant son verre de vin rouge, il y avait quand même une introduction magique qui mélangeait les effets de style clipesques et une séquence sur la famille albanaise qui enterre ses fils dealers ou proxénètes tout en jurant qu'ils retrouveront Bryan pour le tuer sur les terres albanaises. Le tout suivi d'une prière musulmane. Bah oui, il faut bien montrer que les méchants sont musulmans et qu'ils approuvaient l'action de leurs compatriotes, sinon ce serait moins drôle.

Bryan doit partir à Istanbul pour y exécuter un travail de garde du corps. Il en profite ainsi pour inviter son ex-femme et sa fille à passer des petites vacances dans la ville turque. Mais les méchants albanais les ont traqué donc bien sûr celles-ci ne seront pas de tout repos. Viennent alors les premières séquences d'action du film et ô doux Jésus, celles-ci font très très mal aux yeux.
L'action est épileptique au possible... Et moi qui me plaignait du premier volet! Ici on n'y comprend strictement rien, tout est en pagaille, c'est filmé n'importe comment, chorégraphié n'importe comment. On a des passages où Liam Neeson fait des petits moulinets avec les bras mais où on a l'impression que le combat reste totalement statique. La mise en scène dans sa globalité est juste dégueulasse. Méga Thon n'a strictement aucun talent de réalisateur et on va lui accorder des budgets phénoménaux pour pondre de telles merdes.



Il y a une chose qui n'a pas changé depuis le premier volet, cette suite est tout aussi xénophobe et bourrée de clichés. Il suffit de voir le nombre de plans montrant des femmes voilées en mode fantôme, comme Diam's. Sachant que la Turquie est le pays le plus laïc du Proche-Orient, ça la fout un peu mal. Cette vision du monde extérieur, c'est-à-dire étranger à l'occident, est tellement basique et primaire que ça en devient vraiment honteux. Flics locaux incompétents, parfois à la solde des méchants, pays qui semble aux mains des salafistes... Bref encore une fois le monde vu par Europacorp vaut le détour. Vivement qu'ils nous fassent un Taken en Chine où les habitants égorgent des chihuahuas en pleine rue pour le petit déjeuner. Paris Hilton approuvera.

Mais le top du top demeure le scénario. En réalité celui-ci est parfaitement banal, ultra-linéaire au possible et sans aucune surprise. De plus il fait la part belle aux compétences de super-héros de Liam Neeson. Non mais ce mec c'est quand même une institution, à force arriveront les Liam Neeson facts arriveront, rendant obsolètes celles de Chuck Norris.
Je n'ai rien contre cet acteur qui est réellement bon mais qui se crame dans ce genre de productions indignes de son réel talent. Le Neeson qui incarnait Oskar Schindler est désormais bien loin.

Mais là c'est juste impossible. Bryan Mills est un véritable GPS à lui tout seul, qui sait mémoriser un trajet sans rien voir mais juste en comptant dans sa tête et en tendant l'oreille pour voir dans quel environnement il se situe. Mais le mieux c'est quand il demande à sa fille de lancer des grenades dans la rue pour qu'il puisse se repérer au son des grenades... Je croyais avoir halluciné dans un premier temps, mais d'autres grenades ont explosé pour me montrer qu'en effet, il avait bien demandé à sa fille de faire exploser des grenades dans la rue pour savoir où celle-ci pourrait bien le retrouver. Et ceci bien sûr, sans que la police locale s'inquiète. Des fonctionnaires trop occupés à battre leurs femmes en burqa j'imagine.

Tout est tellement improbable, incohérent et illisible que ça en devient presque drôle. Sans compter que ça se prend archi au sérieux. J'ai l'impression que ce gros tas de Megaton (un nom pareil ne s'invente pas) a cru réaliser le film de la décennie grâce au parrainage de tonton Besson. Mais quelque part il faut le féliciter, parce que pour ériger un tel monument de connerie il en faut de la ressource... Je reste quand même sous le choc de voir la fille du héros qui peine à avoir le permis sur une boîte de vitesses automatique et qui à Istanbul prend le volant d'un taxi et conduit comme une pro de l'automobile qui donnerait des envies de suicide à Sébastien Loeb.



Sans surprise, on a donc le droit à un blockbuster bien gras, cliché comme pas permis, avec une mise en scène au rabais et une photo dégueulasse. Les séquences plus ridicules les unes que les autres s'accumulent. La fin est la cerise sur le gâteau, un happy-end bien merdique qui succède à 1h30 de connerie intense.
Ce genre de productions caque vraiment sur toute notion d'art. On peut très bien faire un film d'action tout en faisant de l'art. Heat, Collateral, Piège de Cristal... Les exemples ne manquent pas. Ici c'est juste un produit formaté qui satisfera les spectateurs peu exigeants. Dylan 13 ans devrait y trouver son compte dirons-nous. Lui qui vient de subir Volver en cours d'espagnol ça lui fera du bien d'aller perdre quelques neurones au cinéma après en avoir perdu la moitié après le cinquième Resident Evil.

Suite d'un premier épisode sans idées, Taken 2 est lui-même un film sans idées, réalisé par un mec sans talent, produit et écrit par un mec sans scrupules. Ce dernier a quand même tout compris à la logique du public et a su trouver le filon. Quelque part l'ami Besson est un sacré businessman. De plus la fin laisse penser qu'il y aura encore une suite, voire deux. Ben oui, il reste deux fils du grand méchant. Je suis sûr que dans le 5 ils vont tous ressusciter pour donner lieu à un Taken Evil où Neeson dérouillera du zombie. Peut-être même qu'on aura la chance d'assister à la naissance de Taken vs Predator, ce serait tellement bon!
Encore une fois, le résultat est très mauvais. Méga Thon ne maîtrise aucune notion de mise en scène, son film a de sérieux problèmes de rythme, le scénario est bâti sur un monticule de clichés et en fin de compte le spectateur est vraiment pris pour un con. Enfin, de quoi je me plains... C'était prévisible.
Moorhuhn
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le 14 oct. 2012

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