C'est la fin des haricots...

Troisième volet d'une licence initiée en 2008 par la société Europacorp, dirigée par Luc "Par-ici-la-monnaie" Besson, Taken 3 annonce le retour d'un Liam Neeson fatigué qui n'en finit plus de mettre des baffes, de faire des clés de bras et de casser des gueules. Je n'étais pas particulièrement chaud pour cette review, mais puisque j'avais fait celle du 2, et que c'est tout de même de l'actu, allons-y gaiement...

Une trilogie 100% action

Pour ceux qui seraient passés à travers (ce que je peux aisément concevoir), le premier Taken sorti il y a maintenant 7 ans nous racontait les aventures de l'ex-agent de la CIA Bryan Mills, rompu à l'exercice, s'efforçant de rattraper le temps perdu avec sa fille de 17 ans, après de longues années de service. Lors d'un voyage à Paris avec une amie, la jeune Kim était enlevée par une mafia albanaise particulièrement organisée et spécialisée dans la prostitution haut de gamme. Mills devait alors faire appel à toutes ses compétences pour retrouver sa fille et mettre à mal ses ravisseurs. Ce pitch ne faisait pas vraiment dans la dentelle mais avait le mérite de ne faire aucune fausse promesse. Et en cela, ce premier épisode est une vraie réussite. Nerveux, enlevé, le film de Pierre Morel remplissait haut la main son cahier des charges.

4 ans plus tard, une suite voyait le jour, réalisée cette fois par OIivier Megaton, un autre frenchy que l'on avait déjà vu graviter autour de Besson pour le troisième opus du "Transporteur", mais qui est plutôt habitué aux courts métrages. Taken 2 est une suite directe de son ainé, et nous raconte cette fois la retour de bâton de la mafia albanaise qui cherche à se venger de Mills. Convenu et facultatif, malgré une volonté de faire dans l'efficacité. A mon sens, ça sentait déjà pas mal le réchauffé.

Et c'est reparti...

Bryan Mills est de retour. Et il est sur tous les fronts. D'un côté, il continue d'apporter des nounours d'anniversaire à Kim, sa fille de 7 ans qui a en fait passé la vingtaine depuis un petit moment. Et d'un autre côté, notre ex-agent de la CIA frippon tente de revenir dans la vie de son ex, dont le couple bat visiblement de l'aile. Quel coquin, ce Bryan !

Manque de pot, alors que tout semble se dérouler pour le mieux dans le meilleur des mondes (hormis Kim qui apprend qu'elle est enceinte et qui ne semble pas en être ravie), voilà qu'un groupe de mecs peu recommandables fait son apparition et s'emploie à monter un chantier à Mills. Un gros chantier. Un de ceux qui vous expédient à la case prison sans toucher les 20000 Dollars...

Entre deux échanges de textos compromettants entre Bryan et Lenore, cette dernière est retrouvée égorgée dans l'appartement de Bryan, et il semble que tout désigne l'ex-agent comme coupable. C'est alors que Bryan décide de se rendre à la police, d'aller en garde à vue et de crier son innocence devant un jury populaire, comme tout bon citoyen... Mais non, j'déconne !

Mills va plutôt démonter les deux flics qui tentent de l'interpeller, avant de mettre la ville à feu et à sang pour découvrir le fin mot de l'histoire, déclenchant une traque démente sur fond de fusillade et carnage véhiculaire.

Bon, je ne vais pas épiloguer sur la teneur du scénario. Dès le départ, on sait que l'intérêt d'un film comme Taken ne repose pas là-dessus. Et on sait aussi qu'il n'est évident d'innover ou de surprendre lorsque l'on produit la suite d'un film dont le pitch tient sur une ligne. Cela dit, le premier Taken avait deux avantages prédominants (en plus d'être bien monté et plutôt soigné dans sa mise en scène) :

-Primo : c'était le premier. Cela créait la surprise. Et l'histoire était spontanée et directe. Aucune lourdeur. Que du franc et massif.
-Secundo : le scénario suffisait à rendre le film efficace sans avoir à faire dans le twist putassier et la surenchère permanente (comme ce fut le cas pour le désastreux Die hard 5 par exemple).

Comparé aux deux volets précédents, Taken 3 aligne au casting deux comédiens de plus : Forest Whitaker, dans le rôle de l'Inspecteur chargé de traquer Mills, et Dougray Scott, qui reprend le rôle du beau-père à Xander Berkeley (Mason dans "24h Chrono"). L'ennui, c'est que Whitaker n'apporte pas grand chose, ni au film puisqu'il campe le gentil flic de base, ni à sa propre carrière puisqu'il semble faire un peu de sur place dans ce genre de rôle. Quant à Dougray Scott, c'est un peu l'acteur fantôme qui apparait tous les 5 ou 6 ans au cinéma. Il faut dire qu'à part dans "Mission impossible 2" et "Hitman", on ne le voit pas beaucoup... Le comédien a bifurqué vers les séries TV, semble-t-il...

Pour le reste du casting, on a Famke Janssen dont il faut profiter car elle ne reste pas longtemps, vous vous en doutez... Et Maggie Grace, alias Kim, qui semble prendre son boulot très au sérieux et assure plutôt bien la continuité de son personnage. En revanche, là où cela pêche un peu, c'est au niveau de Liam Neeson. Il est d'ailleurs le premier à l'admettre : il n'est plus tout jeune. Agé aujourd'hui de 62 ans, jamais rompu aux sports de combat, on sent dans cet épisode qu'il en a beaucoup moins sous le pied que jadis. Même physiquement, musculairement, Neeson a pris un coup de vieux. Et ça se voit. Deviendrait-il trop vieux pour ces conneries?

Mais le véritable problème de ce Taken 3, et c'est difficilement contestable, se trouve dans son montage. Il peut se résumer en un mot et un seul : épileptique. Dès les premières minutes, on a mal au crâne. Il suffit que l'action prenne place pour s'en rendre compte. Les séquences sont tantôt coupées à la machette, tantôt surdécoupées, rendant la moindre scène un peu nerveuse quasiment illisible. Ca en devient même pénible à suivre tant le nombre de plans séquences explose pour un seul morceau de scène (la scène du véhicule de Mills qui vole au-dessus de l'autoroute, filmée sous quatre angles différents et à toute vitesse en l'espace de dix secondes. On aurait dit la cinématique d'un mauvais jeu vidéo!).

Si les autres défauts du film peuvent sans doute être pardonnées, on peut dire que celui-ci gâche réellement le plaisir (si plaisir vous trouvez). Car c'est comme ça tout le film.

CONCLUSION :
Si je résume : un scénario convenu, formaté et même horriblement prévisible, des comédiens par franchement top niveau (hormis Maggie Grace), un montage fait avec les pieds, et des incohérences à la pelle... Difficile d'apprécier le spectacle, d'autant qu'il existe dans le genre une concurrence farouche. Si vous aimez la castagne, je vous recommande chaudement "John Wick" ou "Equalizer" (cliquez sur le titre pour lire accéder à la review). Dans le genre nerveux et efficace, ces deux films font passer Liam Neeson pour un agneau en fin de vie. Megaton a surcompensé pour cacher son évident manque de conviction dans le projet (c'était déjà limite dans le 2, dont il est également l'auteur). En ce qui me concerne, je ne garderai en souvenir qu'un seul Taken...

VOIR LA REVIEW SUR MON SITE :
http://www.unoeilsurlecran.com/#!taken-3/c1srj