Disons-le d'emblée, s'il n'y avait pas l'envoûtante musique de Bernard Herrmann pour enjoliver les péripéties monotones du héros, un 5 aurait été tout indiqué pour cette histoire décevante qui ne raconte finalement pas grand-chose, et qui choisit trop facilement le vulgaire et le glauque pour brusquer son spectateur (une tradition chez Scorsese).
Même si Robert De Niro est monstrueux de talent comme à son habitude (et peut-être même un peu plus ici, reconnaissons-le), sa descente aux enfers aurait pu être encore bien plus terrible et marquante, au lieu d'être assez maladroitement amenée.
Au clap de fin, on se dit "tout ça pour ça ?", dans le sens où la quête vengeresse de Travis tourne un peu court et manque cruellement d'ambition. Cela aurait dû finir en apothéose, comme par l'assassinat du sénateur suivi d'une fusillade en pleine foule, au lieu de ça on a droit au sauvetage d'une gamine prostituée quelconque (même si c'est la déjà très mignonne Jodie Foster)...
Reste des scènes nocturnes superbement filmées, qui confèrent une atmosphère toute particulière et traduisent à merveille les états d'âme mélancoliques de notre chauffeur solitaire.
Sans oublier non plus la superbe scène finale qui prend la forme d'un rêve post-mortem, offrant ainsi une sorte de rédemption à cet anti-héros qui n'en demandait pas tant.
Malgré des qualités évidentes, "culte" est un bien grand mot pour définir ce Taxi Driver au scénario souvent indigent et dont la dernière partie tend trop vers le fait divers de quartier. Anecdotique quoi.