Au début j'ai eu un peu peur. Le héros est une vraie tête à claque. Le genre qui laisse la porte du frigo ouverte pour un oui ou pour un non. Le genre qui apostrophe des flics qui parlent entre eux et estimerait légitime qu'on lui réponde sur-le-champ. Ben non, déjà tu n'as rien à faire là, et de deux tu attends ton tour. Non mais.
Seulement, sur la durée, le film déploie une vraie sensibilité dans la description du couple de Teddy et sa copine. Ce gros naze devient attachant car si sa copine est tout pour lui, lui n'est pas tout pour elle... Et ça ne va pas en s'arrangeant, jusqu'à une rupture que j'ai sentie extrêmement douloureuse.
C'est ça pour moi, la French touch : un vrai soin apporté à la psychologie des personnages, à leurs émotions. Ils ne sont pas des robots, ils sont plein d'aspérités et ne ressemblent à personne d'autre (voir la masseuse massive interprétée par Lvovski qui veut se taper Teddy).
Malheureusement, la French touch c'est aussi la logique, la rigueur jetées aux orties. Donc dans un village de ploucs où personne ne voit plus loin que le bout de son nez, d'un coup, sans explication, tout le monde SAIT que c'est Teddy le responsable du massacre de la salle des fêtes. Alors que tout indique qu'il s'agit d'un animal, d'une bête féroce, et que personne ne croit aux loup-garous. Du coup Teddy est traqué et meurt, et c'est triste, et le générique est magnifique, mais le film n'amène pas du tout cette traque de façon logique. Je n'ai pas compris comment les gens du village ont compris que c'était Teddy transformé en loup-garou le responsable du massacre. Cela n'a pour moi aucun sens.
Mais au final j'ai tellement cru et accroché aux espoirs et déceptions de Teddy relatifs à sa copine que je suis heureux d'avoir vu ce film. Finalement la partie loup-garou ne prend son sens qu'à la fin, avec le massacre, en ce que ça démontre très bien la colère ressentie suite à sa rupture.