Ténor par pierrick_D_

Une prof de chant lyrique de l'Opéra de Paris détecte par hasard un don prometteur chez un rappeur de banlieue à la tessiture de ténor.Le gars se prend au jeu mais doit suivre sa formation de chanteur en cachette car ce genre d'activité est mal vu dans son quartier.Le film fait partie de ces productions Darka Movies,la société de Cyril Hanouna,mais s'en démarque en affichant une autre ambition que les grosses comédies grasses emblématiques de la firme,style "Les Déguns" ou "Les SEGPA".C'est pourtant le coréalisateur des deux épisodes des "Déguns",Claude Zidi Jr.,qui s'y colle pour son premier essai en solo.La mise en scène ne fait pas d'étincelles mais assure correctement le job,tout comme le scénario également signé Zidi,en collaboration avec Héctor Cabello Reyes,l'habituel complice d'Eric Lavaine.Le sujet est celui des choix de vie face à la pression sociale,d'où qu'elle vienne.A la base le mec ne connait rien à l'opéra et n'a jamais eu l'idée de s'y consacrer,ignorant même qu'il en avait les capacités.C'est juste un jeune des cités qui essaie de s'en sortir en prenant des cours de comptabilité tout en livrant des sushis pour faire bouillir la marmite en attendant son diplôme.Ca c'est pour la face lisse d'un personnage qui par ailleurs compose du rap et s'adonne à des battles,tout en faisant le chouf lors des combats de boxe clandestins dont son frère aîné est un champion.Toute cette vie bien tracée est remise en question dès lors qu'il décide de se lancer dans l'art lyrique.Il quitte les HLM de la zone pour les ors des théâtres,il déserte les cours de compta et il ment à ses proches qui ne comprendraient pas cette nouvelle orientation et considèrent qu'il s'agit là d'un sport de riches totalement étranger à leur culture,ce qui n'est pas foncièrement faux.Antoine se retrouve coincé entre deux mondes,entre deux carrières,entre deux filles,entre deux vies,et il devra galérer pour s'imposer dans ce nouveau milieu tout en faisant accepter ses choix à l'ancien.Le film restitue bien la pression que peuvent subir ceux qui veulent s'émanciper de leur communauté d'origine,pression exercée à la fois par les amis et la famille qui préféreraient voir la personne renoncer,mais aussi par le nouvel univers qui cherche à l'aspirer et à lui faire zapper ses racines tout en lui témoignant un mépris larvé.Le film est parfois maladroit,globalement trop naïf et optimiste,souvent prévisible et attendu,mais relativement agréable à visionner car le personnage est sympa,on est loin du ziva stupide à grande gueule,et les acteurs plutôt bons.Le rôle principal est tenu par Mohamed Belkir,alias MB14,un véritable rappeur qui s'était fait connaître en étant finaliste de l'édition 2016 de "The Voice",finale perdue face à Slimane.Mais non,ce n'était pas "The Voice Algérie",il s'agit bien de la version française.Belkir se révèle excellent pour ces débuts devant la caméra,gérant avec aplomb et efficacité un rôle pas facile.Michèle Laroque est très bien en prof de chant finissante déterminée à pousser son élève au maximum de ses possibilités.Le costaud Guillaume Duhesme est très bon en grand frère aimant et dévoué mais bas de plafond et le toujours formidable Stéphane Debac campe un directeur de l'Opéra pris dans des contingences administratives contraignantes.La bien jolie Maéva El Aroussi incarne l'amie d'enfance qui pourrait être plus car affinités et Roberto Alagna intervient dans son propre rôle,une apparition pas indispensable qui semble surtout destinée à lui lécher le boule en montrant à quel point il est sympa et prêt à aider les jeunes.Il y a aussi le rappeur Doudou Masta en organisateur de battles et les usual suspects de la télé que sont Oscar Copp et Cédric Chevalme,ce dernier étant comme El Aroussi un ancien du feuilleton "Un si grand soleil".Note et critique de film de Claude Zidi Jr. publiées précédemment:"Les Déguns"-3.Moyenne:3,5.