4cl de Tequila / 8cl de jus d'orange / 1 trait de sirop de grenadine

Il y a un quart de siècle, l'absorption de "Tequila Sunrise" m'avait laissé un goût amer en bouche. Succédant à "Lethal Weapon", je m'attendais à ingurgiter à nouveau un cocktail tout aussi pétaradant et pimenté par un casting explosif : Mel Gibson, Kurt Russell et Michelle Pfeiffer ! Soit : Martin Riggs, Snake Plissken & Catwoman !!! Que nenni car "Tequila Sunrise" est un film bavard et radin en action.
Soucieux de me désaltérer de ce traumatisme, je l'ai toutefois entamé avec un regard mêlé de méfiance et une pointe de dédain...


Mel Gibson amputé de sa panoplie Riggs (brushing, Santiag, clopes et Beretta), incarne Dale McKussic, trafiquant de came à la cool et soucieux de lâcher le business pour se consacrer à son fils. Doté d'un charisme flamboyant, Gibson est aussi beau que dans "Mad Max", d'une beauté à titiller les penchants gay les plus inavoués et les plus profondément enfouis de chaque hétéro.
Kurt Russell en contre-pied de son mythique perso de "Escape From New-York" évolue sous le blase de Nick Frescia, un flic avec deux yeux, sourire Ultra-Brite, rasé de près, le cheveu plaqué au Pento, vêtu de classieux costards et amateur de longues clopes fines (dites "de pute" ou "à la Deneuve", c'est selon certains).
Malgré une collection de fringues à épaulettes avec cintres intégrés, Michelle Pfeiffer alias Jo Ann Vallenari est belle à déformer des armées de slips à chacun de ses plans. Elle est la proie convoitée et tiraillée par Dale & Nick, deux amis d'enfance aux trajectoires opposées.
Au milieu de ce ménage à trois surgit le futur patriarche de la famille Addams : Raul Julia, en chicano excentrique, parrain du cartel mexicain et amateur d'opérette qu'il entonne tout en pompant son stick de "mota" !


Saupoudré d'un humour délicat, le scénario de Robert Towne est truffé de rebondissements et de fausses pistes, réservant une part importante à une romance emmêlant des protagonistes attachants, touchants et impeccablement interprétés. Néanmoins "Tequila Sunrise" est avant tout un polar dont le ton rend hommage aux films "Noir" des années 40.


La recette est gâtée par un score mort-né, typique des 80's, ravagé par des synthés giclant une bouillie de grelot et d'orgue. Langoureux et gueulard, un saxo envahissant engraisse un peu plus la partition, évoquant les fonds sonores des Porn californiens de la même période lors desquels Ashlyn Gere, Sylvia Saint, Selena Steele, Tori Welles & co s'activaient en cadence.


Cette fois-ci, avec de la bouteille, j'ai pris le temps d'apprécier le rythme pépère imposé par Robert Towne pour promener son film, étaler la psychologie de ses personnages et proposer sa vision idyllique d'une Californie inondée de soleil et baignant dans l'océan.


Rafraîchissant !...

Lazein
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le 30 avr. 2014

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Laz' eïn

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