Le film qui doit engendrer la méfiance. James Cameron qui a affirmé que pour lui la boucle était bouclée ne l’a pas réalisé, ni scénarisé, ni produit… en bref, les gars studio peuvent faire n’importe quoi. Et ils vont le faire en plus, ces inconscients ! C’est Jonathan Mostow qui va s’occuper de la réalisation. Sur le papier, il y avait un scenario qui n’avait pas l’air très original certes. Nouvelle tentative des machines d’aller flinguer les Connor en envoyant un modèle encore plus sophistiqué… mais j'avais 16 ans, la bande annonce savait y faire pour donner envie, surtout en fan des 2 premiers que j’étais déjà depuis un moment. Bien que mitigé, j’avoue que l’excitation du début m’avait fait être indulgent. Mais le revoyant, je me suis dit que non, ce n’était vraiment pas possible.

Mais prenons les choses dans l’ordre. (Cette chronique contient des spoilers) Dès l’ouverture c’est dur d’être transporté comme les deux premiers avec leur musique, le sens du tragique… non, ici… les crédits s’affichent avec une musique très très discrète, rien à voir avec les flammes infernales du second avec le zoom sur le crane du Terminator. D’ailleurs Brad Fiedel ne s’occupe pas de la musique cette fois. Mais j’accorde un bon point pour le premier plan du film puisque c’est l’image de l’holocauste. Donc passé un bref générique : plan choc et assez classe.

Mais il ne faut pas beaucoup de temps pour retomber. Déjà, John Connor n’est pas joué par Edward Furlong et c'est regrettable, personnellement, j'ai eu du mal à voir Nick Stahl en John. Son personnage a décidé de vivre en marge de la société, il n’a pas d’adresse, de téléphone, il fait tout pour ne pas être repéré. Ces scènes essaient d’être noires et profondes mais les répliques de John « Je suis seul, je vais partout et nulle part » n'ont guère de profondeur et le ton monocorde de Nick Stahl en voix off n’aide pas.

Donc comme je l’ai dit, on pompe le précédent : Le T-101 joué par Arnold va essayer de contrer une nouvelle tentative des machines de tuer John, cette fois avec un modèle encore plus perfectionné que le T-1000 : Le T-X, qui a l’apparence d’une femme et qui est… on va dire « jouée » pour aller plus vite, par Kristina Loken, un mannequin a qui on promettait une belle carrière après ce rôle… et puis en fait non. Une moitié de la population (les mecs) retiendra seulement de sa carrière les quelques plans où elle est à poil en début de film et c’est à peu près tout. Première réplique = Premier sourire. Déjà, non. Un Terminator n’a pas d’émotions, la joie et l’envie dont elle fait preuve ça ne marche pas. De deux, on fait du fan service raté. Je m’explique :

Dans le 2, le T-1000 est accosté par un policier en moto qui lui demande s’il va bien. Réponse ? « Bien. Dites, elle est chouette cette moto. » Cut. On sent que le pauvre policier va passer un sale quart d’heure mais c’est simplement suggéré. Ici, le T-X aborde une femme en voiture et dit « elle est chouette ta voiture… » mais on ne coupe pas juste après, on voit le T-X faire du mal. Et pour en remettre une couche elle sort la même réplique avec l’arme d’un flic quelques instants plus tard. Cette fois on coupe avant qu’elle ne s’en prenne a lui mais c’est trop tard, l’effet est retombé.

Le T-101 lui, arrive dans un bar comme dans le film précédent, mais un bar de strip-tease cette fois, l’occasion de mettre un peu d’humour. Et l’humour va être un des soucis du film. Prenez ce moment où il demande au strip-teaseur d’enlever ses vêtements car il veut les récupérer. Celui-ci balance « patience, chéri », c’est plutôt drôle et c’était bien suffisant comme gag. Mais non, alors que le Terminator insiste, le strip-teaseur finit par dire « parle à ma main ». Le T-101 s’exécute alors, il parle à la main du type. Il connait l'anatomie humaine, il devrait savoir que ça ne sert à rien. Sinon c'est pour faire de l'humour volontairement, et ça ne colle pas non plus.

Enfin, en sortant, il met des lunettes style Elton John un bref instant, nickel pour le décrédibiliser un peu plus. Non vraiment, là j’estime qu’on perd l’esprit Terminator qui sont censés être effrayants, sinon imposer le respect même quand on est de leur côté. Le second avait déjà plus d’humour que le précédent mais c’était surtout du au ton neutre du Terminator en toute circonstance, et il apprenait de John. De plus Cameron avait jugé bon de couper des moments d’humour trop prononcés (telle la scène où le Terminator apprenait à sourire). Dans ce film non, c’est parti pour la crétinerie. Pour Arnold il était temps de faire un troisième volet. Il était sur le point de se lancer dans la bataille pour être gouverneur de Californie déjà, mais physiquement aussi, il était temps. Il avait 56 ans en 2003, et l’âge commençait à se voir. On remarque d’ailleurs qu’il porte un col assez haut durant le film pour cacher la peau de son cou un peu distendue.

On fait alors la connaissance de Katherine Brewster, jouée par Claire Danes. On sait qu’elle est la fille d’un militaire, qu’elle va se marier, qu’elle est vétérinaire et, une de ses premières réplique est « Je déteste les machines » ô cruelle ironie, on se demande bien ce qui pourrait lui arriver de mal dans ce film. Même le spectateur un peu lent ne mettra que 10 secondes à comprendre qu'elle est destinée à être avec John et surtout à remplacer Sarah en premier rôle féminin. Et oui, Linda Hamilton en lisant le script a trouvé son rôle pauvre, surtout comparé aux deux précédents, et a dit « Non merci ». Tu m’étonnes.

Mais revenons-en a John, ce dernier a eu un accident de moto. Faute de mieux, une nuit il s’introduit dans un cabinet vétérinaire pour se soigner, et trouver des calmants. Il tombe sur Katherine. Déjà bon hasard. Il se trouve qu’elle est aussi une des cibles du T-X. Or les deux Terminator se pointent 3 minutes après la rencontre John/Katherine. Bravo : John qui fuit à travers le pays, qui n’a aucune attache ou adresse se retrouve comme par hasard dans le SEUL bâtiment des États-Unis où il ne devrait pas être. Tu la sens la grosse ficèle scénaristique ?

On m'a dit "Oui mais le Terminator repère John aussi par hasard dans le film précédent". C'est certes vrai, mais il le cherche aux alentours de son quartier, ça reste vraisemblable qu'il puisse tomber dessus après quelques heures de recherche. Là on parle du pays entier comme terrain pour John.

Le T-X montre une de ses nouvelles capacités : Elle peut analyser le sang de ses victimes pour savoir qui elles sont. En soi l'idée est pas mal... Sauf qu'on se demande juste où elle a dégotée la base de données ! Goutant le sang de John Connor (oui c’est en léchant le sang qu’elle l’analyse) elle a alors une expression de franche surprise. Encore une réaction typiquement humaine, pas typique d’une machine.

Il y a au moins une continuité de mise en scène avec les autres précédents sur la rencontre de John et du Terminator, dans les deux autres films c'était pareil : Ralenti, musique discrète, il y a un fusil dans l’histoire… ce moment est 10 fois moins marquant que dans les deux autres mais si le film insiste avec le fan service, au moins celui-ci est légitime et cohérent.

Le T-X dévoile alors certaines des bonnes choses du film : Les armes internes. Comme le T-1000 elle peut se transformer, mais cette fois peut faire apparaitre des armes à feu à la place de ses mains, et quelles armes ! Cela donnera lieu à quelques plans spectaculaires. Elle peut aussi contrôler d’autres machines, comme par exemple faire démarrer des voitures qui se lancent, vides, à la poursuite de John. L’idée sera exploitée plusieurs fois dans le film, et plutôt bien, reconnaissons-le.

Mais maintenant le schéma des scènes suivant les premières rencontres est le même que dans le film précédent : Le T-101 est mis hors de combat par l’autre cyborg, John pendant ce temps là s’enfuit, course poursuite sur la route et au moment où le T-X va le rattraper, le T-101 arrive en moto. Vous remportez un point messieurs les scénaristes, au moins vous assumez votre paresse, et ce n’est pas fini, j'en reparle d'ici peu. La course poursuite en voiture est spectaculaire certes, bien qu’il manque une musique épique pour lui donner encore plus de force, et qu’on sente trop le CGI lors de quelques plans.

John, Katherine et le Terminator sèment le T-X. Ils discutent, John essaie alors de savoir si le Terminator se souvient de lui. Il lui parle alors de moments censés évoquer leur passé commun. Et selon lui, un de ses souvenirs les plus forts est la réplique « Hasta la vista baby ». John enfant lui avait dit en passant dès années plus tôt que cette réplique avait la classe et basta. Il n'était pas là quand ce dernier a sorti ça avant de flinguer le T-1000, on nous ressert donc du fan service de base. Tous les efforts que le film déploie pour nous rappeler pourquoi le 2 est génial, c’est autant de temps perdu à développer de bonnes nouvelles idées.

Je suppose qu’à l’instar du « Hasta la vista baby » ils voulaient faire une réplique que les gens reprendraient avec le « Parle à ma main » mais je prends plus ça comme une réplique des producteurs aux spectateurs qui espéraient mieux. « Le film a fait 430 millions de recettes, ça vaut pas le second mais allez, c’est pas mal, on s’en cogne de l’accueil critique. » Bon sinon, le film continue à repomper le précédent, le T-X se transforme en proche de Katherine pour mieux l’atteindre, on va chercher les armes de Sarah planquées dans un endroit improbable, on tire sur la police sans blesser personne… Le Terminator d’ailleurs ne blesse personne sans raison, John lui en avait donné l’ordre dans le film précédent, ici, c’est juste du… non ? Fan service ? Surprise !

Fini la noirceur des films précédents, y compris au sens propre du terme : Passé la première demi-heure, le reste du film se passe de jour. Les dialogues d’exposition censés nous faire apprécier les personnages et apporter de l’émotion sont terriblement plats, et servent juste de remplissage en attendant la prochaine réplique malencontreusement comique du Terminator ou la prochaine scène d’action. C’est notamment là que l'absence de Sarah Connor d'ailleurs se fait douloureusement ressentir. Ce n'est pas Katherine Brewster qui va la remplacer, en comparaison, on n'y croit pas une seconde quand elle se transforme en guerrière, c’est trop soudain et surjoué. Faut pas non plus compter sur le charisme du T-X qui démontre sa fadeur au fur et à mesure que le film avance.

Bien qu’handicapées par d’inévitables moments crétins, les scènes d’action de fin du film ne sont pas si mal. Je pense notamment à la bataille dans les chiottes entre les deux Terminator (qui encore une fois souligne la solennité du film...) aidé par la seule musique du film dont je me souvienne un temps soit peu. Dommage qu’un passage où le Terminator reçoit des ordres de mission contradictoires soit très cliché.

Et tout d’un coup dans les derniers instants du film ils se sont souvenus qu’ils devaient être particulièrement pessimistes vu l’histoire globale de la saga. Mais trop tard déjà... et surtout : reniant le message des deux premiers films et une des rares choses que, pour le coup, il aurait fallu garder des deux premiers films : No fate !!! Pas de destin, mais ce que nous faisons, ça ne vous dit rien ? Le Terminator avait dit plus tôt dans le film que le Judgment Day était inévitable, mais avant qu'il n'arrive on pouvait douter... et voilà...

Donc voilà, Terminator 3 c’est la suite de trop. Pour quelques rares qualités qui m'empêcheront de le considérer comme raté à 100%, on se farcit des dialogues minables, des personnages inintéressants, une histoire mal copiée/collée du second. Si quelques répliques du Terminator sont drôles, dans l’ensemble ça lasse très vite. Il manque beaucoup trop d’éléments nécessaires pour investir le spectateur dans l’histoire, ça fait régresser ce 3e épisode du monument vers le film d’action/SF à voir comme ça, un dimanche soir. Même Jurassic Park III qui pour moi partage une bonne partie des problèmes de ce film prenait parfois des risques, mais ce film, jamais. Dire que Cameron a osé encenser T3 d'un côté, et vertement critiquer Alien 3 de l'autre...

The Reg

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3

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