Soyons fou. Oui soyons fou et essayons de faire abstraction de Terminator 1 & 2, au moins pendant un moment, pour parler de ce Terminator 3. Après tout, pour parler d'Ocean's Eleven on n'a pas besoin des 10 premiers...

Que nous raconte Terminator 3 ? C'est l'histoire d'un cyborg envoyé dans le passé pour tuer une série de jeune gens qui auront un rôle crucial dans le futur. Des futurs généraux ou leaders dans une guerre opposant les machines aux Hommes. Les Hommes du futur décident d'envoyer eux aussi un cyborg pour sauver leurs généraux et spécialement John Connor, le chef de la résistance humaine.

Premier petit problème : Lors de la première apparition des fameuses machines on a le droit à une caractérisation lamentable. Tout d'abord le Terminatrix a les traits d'un mannequin de sous-vêtement aussi crédible en machines à tuer impitoyable que ma grand mère, gardant le côté inexpressif sans jamais faire ressortir la froideur ni inspiré la crainte. Le ridicule du personnage nous achève dés lors qu'elle juge bon de gonfler ses seins automatiquement après avoir regarder une vitrine. TROP MDR... bref.
En face, dans le coin opposé, on a un autrichien en pleine campagne électorale dont le charisme est assez écrasant. Au contraire de la lamentable Kristanna Loken notre Arnold favoris rentre immédiatement dans la peau du personnage. Oui mais voilà si le Terminatrix (au passage on croirait le nom d'un parodie porno de Termniator) a eu le droit à son passage rigolo avec ses nichons auto-gonflant il fallait trouver une idée au moins aussi hilarante pour le T-800 de notre bon vieux Arnold. C'est ainsi que notre androïde va s'affubler de merveilleuses lunettes de soleil roses en forme d'étoile (qu'il ne gardera pas longtemps mais le traumatisme, lui, reste) et apprendre la phrase "parle à ma main" qu'il pourra ainsi ressortir sans arrêt dans la plus pur tradition du comique de répétition. A moins d'avoir moins de 13 ans il est difficile de ne pas se sentir insulté devant ces pointes d'humour aussi débiles que mal intégrées au film.

Le ton est ainsi donné. De l'action bien sûr mais aussi de l'humour pas drôle, génial on est donc bien face à un blockbuster. Dans le même ordre d'idée on retiendra l'inénarrable scène où Schwarzenegger se découpe le bide au couteau pour jeter une pile qui produit, fatalement, une mini explosion nucléaire au moment de toucher le sol. Scène déjà ridicule avant l'intervention de Mozinor.
"Ouais bon gnia gnia gnia on est là pour l'action gnia gnia". Soit.
Là encore le film peine à trouver sa marque, il y a bien la fameuse poursuite automobile avec un camion-grue qui pourrait sauver les meubles. Évidemment elle en fait des tonnes et des tonnes et à plusieurs moment on se demande pourquoi le bestiau fait un écart si ce n'est pour péter encore plus de truc dans le décor, c'est assez con mais admettons. Il y aussi les bonnes vannes pourries pour bien casser le rythme et des effets spéciaux qui ont le mérite d'assurer sauf sur la conclusion de ladite poursuite dont le rendu est simplement super laid et donc fort peu crédible.
Il est temps de briser le voeux pieu du début de cette critique car, sincèrement, la poursuite du 2 dans le canal de Los Angeles, alors qu'il n'y a que 2 bécanes (dont une Harley Fatboy tout de même) et un seul camion, enterre largement celle ci en terme d'intensité et d'implication. Et qui à tout exploser autant revoir les Blues Brothers, en plus là, c'est vraiment drôle.

Si je m'attarde autant sur cette scène c'est parce que c'est sans doute la plus réussie du film et qu'elle a le mérite de résumer tout le reste: pas d'idée, pas d'originalité et une mise en scène purement mécanique qui limite ainsi tous les effets. Si Mostow assure le minimum de lisibilité il compense son manque d'inventivité et de génie par une multiplication d'explosions et de tôle froissée. Le bruit pour occupé le terrain en quelque sorte. La règle du "toujours plus" est appliquée sans jamais appliquer celle du "toujours mieux".
De la première à la dernière baston on déroule des séquences déjà-vue et pour la plupart étrangement molles. La baston dans les chiottes entre les deux machines est rigolote car c'est toujours rigolo de voir Schwarzenegger se prendre un coin d'urinoir dans la tête mais là encore rien n'est vraiment marquant et tout cela reste plat.

Difficile de parler du scénario sans évoquer le second épisode puisqu'il suit la même progression (si on tient compte du fait que le 2 est déjà un remake déguisé du 1 ça commence à faire un poil lourd), les enjeux sont donc strictement les même sauf qu'on remplace Cyberdyne par une base de l'armée américaine.
L'originalité provient du fameux soulèvement des machine qui intervient sans que l'on sache vraiment comment ni pourquoi mais il a lieu. Terminator qui affronte des robots en plastique, bof.
Cousu de fil blanc le déroulement l'est assurément, seul la séquence où le T-800 reprogrammé pour tuer John lutte contre lui même surprend et apporte un peu de substance à ce défilé de scènes d'action dont on n'a rien à faire. Cependant, là encore, la fameuse scène tourne au ridicule lorsque la machine martèle un capot de voiture les jambes écartées façon Johnny Hallyday en répétant des phrases toute faites digne d'un manga de seconde zone. Si le ridicule ne tue pas, il permet de devenir gouverneur de Californie, la classe. Sans doute le symptôme le plus important de ce 3ème volet : cette incapacité chronique a bien exploiter ses idées.

Justement puisqu'on parle d'idées exploitées n'importe comment on en arrive au final de ce Terminator 3, un final, il faut le reconnaître plutôt couillu pour un film de ce calibre. Seulement à force de se vautrer dans la facilité tout le long du film ce revirement final tombe comme un cheveux sur la soupe. Un bon twist ça se prépare, ça se ménage hors là la seule impression qu'on a c'est que cette fin à été faite au dernier moment par des scénaristes à court d'idées pour donner du relief à leur intrigue. Ainsi le seul moment mémorable du film à le goût bizarre de l'effet gratuit et mal incorporé.

Un dernier petit mot sur le travail lamentable de Marco Beltrami à la musique, un travail lisse et générique finalement tout à fait l'image du film. Initialement le score composé par Brad Fiedel était fait de bruits industriels, de sonorités métalliques et électroniques pour coller au caractère déshumanisé du Terminator. Pour Teminator 3 l'ami Beltrami signe un score orchestral simplement banal et transparent qui ne distille aucune ambiance, contribuant ainsi à la sensation de voir un film plat et sans identité.

Au delà de ne pas faire le poids face à ses ainés (en même temps il aurait été cruel de lui en demander autant), Terminator 3 est tout simplement un film d'action quelconque et un peu bidon plombé par un manque flagrant d'ambition et de rigueur. Le film est périodiquement efficace sans jamais offrir plus et ce n'est pas du côté de son scénario, lui aussi purement mécanique, qu'il pourra puiser de quoi le sauver.
Vnr-Herzog
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le 13 juil. 2010

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