Terrain vague
6.1
Terrain vague

Film de Marcel Carné (1960)

Ce film est à mettre en miroir des Tricheurs, à savoir une autre vision de la jeunesse française entre la fin des années 1950 et le début de la décennie suivante. Or, ici, ce sont pas des gens bien installés qui discutent dans des appartements cossus, mais des jeunes voyous, vivant au pied de HLM récemment construits. C'est une nouvelle période économique qui s'installe en France, avec l'érection de ces bâtiments qui détruisent les petites maisons aux alentours, ne laissant souvent que des terrains vagues.
C'est là que vont s'établir des voyous, dits des blousons noirs, qui vivent de bagarres et de larcins, et constamment en lutte avec la société, donc avec les parents.


Une bande, menée par Dan, une jeune femme, vit comme un clan refermé sur lui-même, avec ses rites comme le pacte de sang ou sauter de plusieurs mètres les yeux fermés. Cette troupe de dizaine de jeunes tend à basculer peu à peu vers le grand banditisme, voire à affronter d'autres gangs. C'est à ce moment-là que va vouloir s'intégrer un jeune homme, nommé Babar, et l'éloignement d'un des chefs, dit Lucky, car il veut se ranger et mener une vie normale...


Soyons clairs ; le film n'est vraiment pas à la hauteur des chefs-d’œuvre de Carné des années 30-40, la faute à des acteurs qui jouent tous terriblement faux, au premier chef. Pour la plupart, ce fut leurs débuts dans le cinéma, et ça se voit tant la diction sent le récité et manque de vie. On y trouve Danièle Gaubert (qui ne fait vraiment pas chef de gang, la personne à craindre), Roland Lesaffre en receleur, Georges Wilson en juge des enfants, et une toute petite apparition de Pierre Richard, dont ce fut le deuxième rôle au cinéma. D'ailleurs, il n'est pas crédité au générique...
Tout comme Les tricheurs, le langage du film est assez châtié, avec des insultes à tout va, dont une expression que je ne connaissais pas ; qu'une personne soit bath (en gros, bon, doué) !


Outre que le film est également une repompage en règle de La fureur de vivre, sauf qu'il n'y a pas de voitures, il y a un incontestable intérêt sociologique de voir cette France nouvelle se bâtir, avec ces HLM, et il faut dire de très beaux plans qui ont l'air de faire croire que ces tours sortent de nulle part.
C'est plus ça qui m'a retenu dans Terrain vague : on voit également cet aspect dans un film comme Le chat, tourné bien plus tard.

Boubakar
6
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le 4 août 2015

Critique lue 806 fois

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