Au commencement était The 9th Circle, court métrage sordide et fauché au coeur duquel Art le Clown figurait simplement, probable archétype du Mal dépourvu d'âme et d'émotions... Véritable fil rouge de la filmographie de Damien Leone cet antagoniste récurrent devient en la forme de ce Terrifier second du nom (le cinéaste américain avait d'ores et déjà accouché d'un autre court homonyme de très bonne facture, visible entre autres choses dans le programme constitué par le relativement réussi All Hallow's Eve en 2013...) l'intérêt principal d'un horror movie n'augurant rien de bienveillant ni même d'un tant soit peu rassurant.


A l'instar d'un Michael Meyrs Art le Clown exécute ses victimes dans un modus operandi simple et implacable : aucun mobile, simplement un besoin vital de tuer jusqu'à l'infini tout ce qui passe à portée de ses mains. Mais à la différence d'un Myers qui - de son côté - semblait agir de manière pratiquement mécanique l'antihéros maigrement développé par Damien Leone arbore un sadisme clownesque proche du trop-plein grimaçant... partageant néanmoins avec le personnage de la saga des Halloween le même désert émotionnel avoisinant la coquille vide.


Vous l'aurez compris : Terrifier ne s'embarrasse pas de psychologie ni de réelles motivations narratives, prétexte pour Damien Leone à croquer un véritable cauchemar vitriolé dans la plus pure quête de hideur paroxystique. On pense notamment à la première suite de Massacre à la Tronçonneuse réalisée par Tobe Hopper dans le courant des années 1980, dans cette esthétique de la laideur outrancière et carnavalesque de premier choix. Certes le film témoigne assez rapidement de ses lacunes scénaristiques et de sa complaisance jamais loin du torture-porn ( une jeune femme sciée en deux dans un déluge d'hémoglobine, des scènes de scalp ou encore de la surenchère picturale aussi raffinée qu'un maquillage exécuté à la gouache de dernière qualité...) et manque même parfois d'incarnation. Mais il dégage toutefois un sentiment d'attraction-répulsion assez fascinant sur la longueur, dans la dimension increvable et ubiquitaire d'un clown sérieusement dérangé mais mémorable dans le même temps. A voir si vous en avez la possibilité et la capacité.

stebbins
6
Écrit par

Créée

le 15 févr. 2024

Critique lue 18 fois

1 j'aime

stebbins

Écrit par

Critique lue 18 fois

1

D'autres avis sur Terrifier

Terrifier
dagrey
6

Art le clown, le slasher...

C'est la nuit d'Halloween dans une petite ville américaine. Un grand clown dégingandé et mutique tout habillé de blanc et de noir s'attable dans une pizzeria, portant un gros sac poubelle. Il...

le 16 mai 2018

20 j'aime

5

Terrifier
titiro
6

Du grand Art.

J'éprouve beaucoup de difficultés pour évaluer ce Terrifier. Pourtant, je l'ai vu deux fois en 13 jours. Malgré cela, je ne sais toujours pas quelle note lui attribuer, car il faut bien passer par...

le 19 janv. 2023

17 j'aime

5

Terrifier
freddyK
7

Le Clown Blanc c'est Salissant

On connaît tous cet adage qui dit que plus un méchant est réussi et plus le film dans lequel il officie le sera également . En tout cas cette maxime convient parfaitement au film Terrifier de Damien...

le 31 oct. 2022

11 j'aime

5

Du même critique

La Prisonnière du désert
stebbins
4

Retour au foyer

Précédé de sa réputation de grand classique du western américain La Prisonnière du désert m'a pourtant quasiment laissé de marbre voire pas mal agacé sur la longueur. Vanté par la critique et les...

le 21 août 2016

42 j'aime

9

Hold-Up
stebbins
1

Sicko-logique(s) : pansez unique !

Immense sentiment de paradoxe face à cet étrange objet médiatique prenant la forme d'un documentaire pullulant d'intervenants aux intentions et aux discours plus ou moins douteux et/ou fumeux... Sur...

le 14 nov. 2020

38 j'aime

55

Mascarade
stebbins
8

La baise des gens

Nice ou l'enfer du jeu de l'amour-propre et du narcissisme... Bedos troque ses bons mots tout en surface pour un cynisme inédit et totalement écoeurrant, livrant avec cette Mascarade son meilleur...

le 4 nov. 2022

26 j'aime

5