Ce qui faisait le charme du premier film était sa simplicité : Méchant clown tuer et découper des gens en morceaux pour se marrer pendant 1h30, fin.

A défaut d'être subtil, c'était bien fait, bien mis en scène, clair et concis, ça n'avait qu'un seul but : Satisfaire le fan de cinéma gore avec de la violence bien bourrine et bien méchante. Et autant dire qu'on en avait pour son argent.

Cette simplicité et cette modestie sont sans doute ce qui a aidé le film à devenir aussi populaire aussi rapidement, et à ériger Art le Clown en potentielle nouvelle icône horrifique. Il faut dire qu'après une décennie conjurienne à base de démons possessionatitionnels interchangeables, l'antagoniste de Terrifier apportait du sang neuf : un look très simple et marquant, une vraie physicalité travaillée par le comédien pour donner corps au personnage au-delà de son extrême violence, et bien entendu cette personnalité de petite saloperie sadique délectablement détestable.

Terrifier 2 remplit le contrat qu'on attend pour une suite : Plus de budget, donc plus de lieux (le décors de la maison hantée a vraiment de la gueule), une volonté d'étendre la mythologie entourant Art mais sans la rendre lourdingue et quasi-hors sujet façon Halloween de David Gordon Green, et plus de scénario. Un peu trop d'ailleurs.

2h18. Pour un film d'horreur, c'est déjà long. Pour un film d'horreur gore, c'est beaucoup trop long. Je ne dis pas qu'un film gore n'a pas à avoir de scénario, mais ici, la volonté de créer des personnages alourdit beaucoup trop le film.

Prenons le générique d'introduction. Nous y voyons l'héroïne, Sienna, en train de se fabriquer un déguisement d'Halloween dans sa chambre et de peindre des ailes d'ange. En quelques plans, Damien Leone la pose donc comme une fille créative, une artiste, et nous fait comprendre par la symbolique de l'ange, plus précisément de la valkyrie (donc de l'ange guerrier), qu'elle sera l'adversaire d'Art pendant le film. D'ailleurs ce générique fait un contraste brutal avec la séquence d'introduction où le méchant clown tue des gens de manière bien méchante. Création d'un côté, destruction de l'autre, deux mouvements opposés qui pourtant servent le même but, engendrer quelque chose de beau : Une scène gore jouissive pour le clown, un joli costume de valkyrie pour l'héroïne.


Rien qu'avec cette entrée en matière, le film devrait nous avoir posé tout ce que nous avons besoin de savoir : Art le clown est de retour et il va trouver un adversaire sur sa route.

Mais non, le film se sent obligé dans sa première moitié de nous dresser un portrait de famille dysfonctionnel, où la folie suivie de la mort du père a causé de lourds dommages psychologiques sur une mère débordée et trop autoritaire, un fils qui se réfugie dans la provocation edgy et une fille qui essaye de gérer comme elle peut. Pas un mauvais portrait, on est bien d'accord, mais Leone prend bien trop de temps pour nous les présenter, au point d'en venir à gêner les scènes gores, ce qui fait qu'on en arrive à une scène de discussion entre l'héroïne et une amie, entrecoupée par des bouts d'une scène de meurtre perpétrée par Art non loin de là. Le scénario devient à ce moment-là un frein au gore, c'est dommage. D'ailleurs on ajoutera que, évidemment, la folie du père a quelque chose à voir avec Art, on s'en doutait, mais je trouve étrange que le film n'apporte pas plus d'explications sur ce lien, ce qui fait que lors d'une certaine séquence "infernale", la résolution est très mal amenée...

D'accord, la dague est magique, on nous l'a montré avant dans le film. Mais on n'a aucune idée d'où elle sort et encore moins de pourquoi Sienna guérit de sa blessure d'un seul coup. Je veux bien que l'univers de Terrifier ne nous donne pas toutes les clés, c'est même très bien, mais sur ce point précis un tout petit peu de clarté n'aurait pas fait de mal.

Et à titre purement personnel, j'aimerais bien que les réalisateurs d'horreur arrêtent d'utiliser ce trope des personnages qu'on ne croit jamais, j'en ai marre, j'en peux plus ! Ca n'a plus aucune originalité, c'est réutilisé tel quel, sans aucune subtilité, ça m'énerve parce que ça alourdit la narration pour rien alors que les spectateurs savent très bien comment ça finit à chaque fois !

Si, vous savez, ce trope qui consiste en ce dialogue simple de :

- Personnage [enfant/adolescent/adulte] avec supplément [maladie mentale/traumatisme/passif drogue] : J'ai vu telle menace criminelle et/ou surnaturelle survenir, on va avoir des problèmes et on va tous crever !

- Personnage [Sceptique/parent/figure d'autorité quelconque] : Mais non, tu racontes des conneries, c'est dans ta tête !

- Personnage [enfant/adolescent/adulte] avec supplément [maladie mentale/traumatisme/passif drogue] : Mais si, parce que sinon y'a pas de film !

A titre personnel, ça me sort par les yeux, et ici ça me rend le personnage de la mère insupportable, et j'étais ravi de la voir se faire arracher la tête d'un tir de canon scié (Je dis ça mais je ne crois pas que c'était le sentiment que visait Leone...).


Cela étant dit, et même si je maintiens que le film est trop long inutilement, Terrifier 2 remplit le contrat. Il est tout aussi gore et sadique que le premier même s'il a moins de fulgurances (la mise à mort de la pote qui dure de longues minutes avec l'autre bâtard qui rajoute littéralement du sel sur les plaies !), son climax se déroule dans une maison hantée et les décors sont superbes, Art est toujours aussi charismatique et le film se permet de créer une vraie mythologie autour de lui, certes pas des plus extraordinaires, mais qui s'inscrit dans la tradition des slashers à l'ancienne d'ajouter une couche de surnaturel sur des antagonistes à l'origine bien terre-à-terre (Jason Voorhees), et dont je serais curieux de voir vers quoi elle nous amènera dans le troisième volet.


Terrifier 2 est une bonne suite, qui fait ce que les suites doivent faire, à savoir étendre la mythologie et avoir plus d'ambitions. Elle remplit son contrat de film gore, mais sa création de mythologie est parasitée par une narration qui n'a pas su quoi couper ou raccourcir, et j'espère que pour le troisième volet Damien Leone saura revenir à quelque chose de plus compact et qui va directement à l'essentiel.

Arkeniax
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le 2 juin 2023

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