Sorti en 1966, Texas Adios est une véritable curiosité. Alors que le western européen est encore tout jeune, ce titre est intéressant pour plusieurs raisons. Troisième film tourné cette année-là par Franco Nero, il s’apparente à un parfait trait d’union entre le western américain et le western européen. Le sujet, d’abord, traite de la question mexicaine, ce qui est une première dans le cinéma italien. Quelques années avant Damiano Damiani et Sergio Sollima, Ferdinando Baldi parle de frontière, de voyage et même de révolution. S’il ne se positionne pas sur le terrain politique, il convie un sujet qui sera un élément important du western italien. Le générique inaugural, ensuite, semble droit tout droit tiré de l’ouest américain avec sa chanson interprétée par Don Powell. La construction, enfin, classique du récit le rapproche totalement de ses modèles. Seule la violence des comportements et les nombreuses fusillades qui entassent les cadavres le rapprochent totalement de sa particularité italienne.
Moins baroque que les premiers efforts servis par Sergio Leone ou Sergio Corbucci, le film s’appuie cependant sur les nouveaux modèles qui sont en passe de devenir les archétypes du genre. Un personnage principal au teint buriné par le soleil, la poussière et le vent, les yeux clairs qui font l’objet de zooms permettant d’entrer dans sa mémoire où un traumatisme semble revenir comme un entêtant refrain. Et, bien entendu, ce goût prononcé pour le mélodrame qui fait que la vengeance est plus amère encore. Porté par un récit ultra classique, le réalisateur fait le choix du rythme et de l’efficacité. Fusillades et bagarres à mains nues se succèdent régulièrement pour garantir le divertissement lors du premier acte tandis que la deuxième partie s’engage dans des enjeux plus dramatiques qui explosent dans un long déchaînement de violence.
Vu soixante ans après sa sortie, le résultat paraît crouler sous les clichés. Cependant, replacé dans son contexte, il raconte comment le western italien était d’abord un héritier plutôt fidèle de ses modèles avant d’avoir réussi à s’en détacher pour créer sa propre grammaire. S’ils manquent d’épaisseur, les personnages ont une réelle consistance, bien aidés en cela par une interprétation d’une profonde justesse, qui sont un véritable point positif. L’ensemble paraîtra certes aujourd’hui trop convenu, mais il reste un divertissement solide et agréable.