Ceci n’est pas un film de voyage. Ceci n’est pas un documentaire. Ni même un film document. C’est du cinéma sous forme d'un collage punk; un dialogue d'images invoquant la mémoire et la transmission et leurs actualisations dans ce Texas du 21eme siècle. Des extraits de films d'exploitation – issus de l'age d'or des drive in - pleins d'énergie sont mis en vis à vis avec des plans presque fixes. Le cut est clinique. La mort des plans est brutale.
Les acteurs vivent derrière leurs masques avec l'avatar comme unique rapport au monde possible. Seul le voyageur que l'on suit (Giles Mother Fakir) agit à visage découvert et à pied dans un monde vide d'humains et plein de voitures et d'autoroutes.
Le film propose une photo impeccable,à l'esthétique lynchienne. Mais - et c'est heureux - chaque plan chaque cadrage est choisi et l'ensemble monté ne s’arrête pas à un banal naturalisme. Il témoigne d'un corps plein de vie, de tripes et de musiques avec les nombreuses captations lives présentes.
L'ensemble constitue un tout labyrinthique aux multiples portes d'entrée dont la réalisation nous mène vers une intensité finale... comme dans tout bon film d'exploitation.