Objectivement, c’est mauvais, trop long, parfois lourd. Mais des scènes folles jouissives sauvent le

Le premier Thankskilling, produit fauché tourné avec 3 500 $ par un réalisateur encore à l’université, véritable nanar totalement assumé et tellement stupide qu’il peut faire rire autant qu’il peut irriter, voit une suite débarquer trois ans plus tard. Diantre, l’amateur de mauvais films sympathiques que je suis s’est empressé de se jeter dessus, surtout que la même équipe rempile et que le budget cette fois-ci devient un peu plus sérieux, bien que toujours ridicule. Notez plutôt : 100 000 $ financés grâce à Kickstarter. Soit moins qu’une production Troma de base ! Quoi qu’il en soit, Jordan Downey, créateur de l’original, réalisateur, coscénariste, monteur et également la voix de la dinde tueuse, revient, fier de son budget, et… laisse libre cours à son imagination. De nanar volontaire rigolo, on passe à un grand n’importe quoi filmique tellement barré qu’après la vision, plutôt longue (1h40 alors que le premier faisait 1h06), on est incapable de dire quoi que ce soit du film. Oui, Thankskilling 3 est une expérience, un peu à la manière d’un Amazing Bulk, mais en toutefois plus digeste. On a juste l’impression que sur son budget, le réalisateur a mit la moitié dans son film que l’on voit à l’écran, et l’autre moitié dans l’achat de substance hallucinogène qui lui aura permis de mettre son scénario en place et son film en image.

Thankskilling 3, car le 2 n’existe pas, même s’il est au cœur de l’intrigue de ce troisième opus mais en vérité le second (vous suivez ?), commence dans l’espace, avec un rapide trailer de Thankskilling 2, faisant penser à un délire de Rodriguez façon Machete. Faux grain, rayures, effets cheap, second degré. Car Jordan Downey commence son film exactement comme le premier : un gros plan sur des seins, avant l’arrivée de la dinde, d’une punchline (la même), et d’un mort. On se dit que c’est parti encore une fois pour un moment de franche rigolade, et puis c’est le drame. Ou pas, je ne sais pas, je ne sais plus, mon cerveau s’est déconnecté et n’a plus compris. À partir de là, le film se fait plus ambitieux, budget plus important oblige, et s’il faut reconnaître une mise en image plus sérieuse (montage plus dynamique, photographie plus agréable à l’œil), l’ensemble part dans tous les sens, se veut agressif, transgressif, si bien que l’on ne sait plus s’il faut en rire, arrêter le film, être dépité, fermer les yeux… Les alternatives sont nombreuses, chaque spectateur fera son choix face au spectacle proposé. Générique agressif sur fond de musique dubstep, personnage principal qui n’est qu’une marionnette, chasseur de prime rappelant Critters sauf qu’il est ridicule et a un ver de terre gay animé qui parle sur son épaule, dinde tueuse qui n’hésite pas à tuer sa femme après avoir regardé des fausses pub à la télévision, sans oublier un héros qui n’en est pas un, Donny, toujours affublé d’une perruque, dont la grand-mère est également une poupée animée, qui sont des pros dans la préparation de Thanksgiving. L’ensemble part tellement dans tous les sens à chaque instant en oubliant le cœur du premier film qu’il est très difficile de savoir quoi penser devant le spectacle.

Pour ma part, sans quelques idées farfelues absolument géniales (au niveau du film j’entend !), je pense que je n’aurais pas tenu jusqu’à la fin du métrage, qui oublie sa dinde tueuse pendant quasi les trente premières minutes pour se focaliser sur la peluche Yomi qui veut connaître Thanksgiving aux côtés de Donny et sa famille. Mais oui, malgré ses choix autant narratifs que visuels assez hasardeux, son casting à 70% en poupées animées ou autre (on aura des rats, très vulgaires, des humains, des dindes et tant d’autres choses), Thankskilling 3 retrouve l’aspect totalement bourrin, con et immoral de son ainé lorsque notre dinde est à l’écran, tronçonnant des grands-mères ou autre. Mieux, le réalisateur place un peu n’importe comment des hommages aux films cultes de genre, comme Evil Dead 2 avec une greffe de tronçonneuse. Et lors de certains passages, il se lâche totalement dans un délire régressif déjà plus prenant, comme des scènes hallucinatoires avec les éclairages qui vont avec, et la musique qui va avec également (Welcome to Turkey vision bitch !), ou encore un passage animé façon jeu de combat 8 Bits qui rappelle la bonne époque aux vieux de la vieille comme moi, pour un combat à mort entre deux dindes, en 2D ! Rien que pour ces quelques passages totalement hallucinants, je ne peux pas détester ce Thankskilling 3. Mais de là à dire que j’ai aimé… En réalité, je ne sais toujours pas quoi en penser, malgré de très bons moments, et d’autres franchement beaucoup moins bons.
Rick_D__Jacquet
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le 10 juin 2014

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Rick Jacquet

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