The Adjuster
6.9
The Adjuster

Film de Atom Egoyan (1991)

Je brûle pour toi mon amour (Jeanne d'Arc à Jésus de Nazareth)

Ah, le mois d'Août, le joli mois d'Août où les côtes se remplissent, où le Français s'empresse de plier bagage et de déballer ses banalités sur la température de l'eau de mer inférieur à celle de son anus. Le portefeuille vide, le ventre plein, la gueule brûlée, les yeux cernés par la fatigue, les bras recouvert de shopping et autre bling bling, le Français se précipite, parce qu'aujourd'hui, c'est la fin des soldes. Et il n'y a pas de réel vacance sans solde (sauf dans les pompes funèbres où l'on préfère attendre la Toussaint). Alors que je me reposais les pieds en éventail, claqué par des mois de travail sans repos, me voilà giflé par un film. Et quel film : " The Adjuster " !


L'histoire d'un mec
C'est l'histoire d'un mec, Noah, magnifiquement interprété par Elias Koteas, qui est expert en incendie pour les assurances. Il vit avec sa femme, sa belle-sœur et son fils dans une maison "test" d'un quartier qui n'aura jamais été construit. Noah propose à toutes les familles endeuillées de leur maison de séjourner à un hôtel, pour lister toutes les choses perdues. Sa femme, elle, travaille dans une maison de censure. De l'autre côté, un couple de barges exhibitionnistes veulent tourner un film dans la maison de Noah, et là, c'est le grand moment. Au vue de la filmographie de Atom Egoyan, on était loin de s'attendre à un film comme " The Adjuster ". Cette critique ne sera pas complète afin de ne pas dévoiler toutes les surprises du scénario, mais je vais essayer de faire au mieux pour exposer ce film comme il se doit. Je vais donc me concentrer sur le scénario, car concernant les acteurs, les personnages, la réalisation, la musique même, je n'ai rien à reprocher. Ainsi, cette critique est un immense SPOILER. Passe ton chemin ami.


Au feu les pompiers
La comparaison entre Noah et Noé est facile. Oserais-je la faire ? Oui. Noah se charge d'accompagner ses "clients" dans un seul et unique motel, Noah est le prophète, le motel son arche, ses clients les animaux. Mais Noah, c'est aussi quelqu'un d'incertain, il doute de sa maison, de son couple, par un temps même de sa sexualité, mais surtout de son boulot et de sa pertinence. Et dans cette période de doute, il va lui-même se jeter dans son arche, comme les victimes des sinistres. Il faut dire que si Noah doute de son boulot, c'est parce qu'il ne fait que définir les valeurs des choses avec les victimes, et en aucun cas il ne se concentrer sur l'affect que peut avoir un incendie. Comme il le dit si bien, les victimes sont dans un état de choc, et Noah tente de rembourser les choses possédées par les victimes. Il juge de la valeur des choses, mais ne compense pas la valeur sentimentale. Sa femme, à l'inverse, travaille dans une société de censure. Ainsi c'est par delà ses valeurs (presque) personnelles qu'elle va décider du sort des films. Et ces deux travails quasiment opposé emmènent d'ailleurs Noah à la réflexion. Opposés en parti, puisque les deux décident " de ce qui est important ou non"


Il n'y a pas de fumée sans feu
On sent très rapidement le malaise qui stagne dans la famille de Noah. Lui et sa femme s'oppose presque sur tout, tout le long du film. Son fils ne pipe mot, et la belle-sœur ne fait que regarder les films censurés par sa sœur. Noah trompe sa femme, et pas qu'une fois, prouvant son instabilité en la trompant avec une jeune, une vieille et un homo indien (je vous laisse deviner où est la plume), transformant ainsi son arche en harem. Une fois installée avec sa famille dans le motel, la femme comprend en peu de temps qu'elle a elle-même vécu la situation d'un incendie et pige que son mari la trompe à longueur de temps. J'ose supposer qu'elle a aussi perdu son mari avec lequel elle a eu cet enfant dans cet incendie qui les a fait se rencontrer, tout comme Ariane (qui a une alliance, sans doute que son mari a connu le même sort …). A côté de cette image de la famille, nous avons un autre couple complètement barré. Au début, ça ressemble à " Une bourgeoise s'assied à côté d'un clodo dans le métro en train de décuver en vomissant, elle prend sa main et la place sur sa cuisse nue et tendre … GLAAAAAUQUE". (C'est pas tout, elle se met aussi à poil devant des gosses) C'est un couple qui semble loin de la réalité, costumés, et l'ancien clodo est tout aussi mal à l'aise que Noah.


La maison qui brûle
Le couple de barges donne de l'argent à Noah et sa famille pour dégager de leur maison afin de faire un film dedans, l'espace de quelques jours, envoyant ainsi Noah dans son motel. Tout est une question de voyeurisme dans ce film, que ce soit la femme qui regarde le clodo dans le métro au début, que ce soit le mari qui regarde les photos des assurés, que ce soit le directeur qui regarde les "œuvres" avec perversion, que ce soit la sœur qui fait pareil, que ce soit le clodo anciennement footballer avec les maisons (et plus que du voyeurisme, il va interférer, jusqu'à entreprendre la maison, et prendre en photo une scène où la famille dort, si là on est pas dans l'intrusion), ou que ce soit ce déganter qui se tape une queue à la fenêtre de leur maison, on est en plein dans le voyeurisme, et surtout, la maison dans laquelle vit Noah et sa famille est une maison d'exposition, censée être faite pour les visites des futurs acheteurs du quartier (quartier qui n'a jamais été construit).


Cheese
L'image est aussi le centre du film, image que l'on doit préserver, ou au contraire censurer. Pour Noah, les images l'aident à prouver que les victimes possédaient bien telle ou telle chose, et ainsi leur définir une valeur. (Mais quelle valeur peut-il donner à un chien ? Il va même jusqu'à demander la race pour évaluer un prix). Pour sa femme, c'est son boulot, donner une valeur à l'image même, des valeurs qu'elle repousse en filmant ces images pour les donner à sa sœur. Quant à sa sœur justement, elle passe son temps à brûler les photos que son frère envoie, tout simplement parce qu'elle n'aime pas conserver les choses. Tandis que notre clodo footballer voyeur prend tout en photo. En conclusion, " **The Adjuste**r " se révèle être une bonne surprise, trop inconnu, qui mérite plus d'un coup d'œil.


Bon Film :)

P-D
9
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Créée

le 5 août 2015

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P-D

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