The Admiral : Roaring Currents
6.4
The Admiral : Roaring Currents

Film DTV (direct-to-video) de Kim Han-Min (2014)

Ralalah ! Je suis sévère ! Mais vraiment très sévère ! Parce qu’il en a du mérite ce film ! Et pas qu’un peu ! Seulement voilà, je ne vais pas vous mentir non plus sur le ressenti que j’ai eu par rapport à ce « The Admiral » : j’ai vraiment eu du mal à l’encaisser ce film et à y vraiment prendre du plaisir, d’où ma note de 5/10 sur cinq possibles. Histoire d’être clair d’emblée sur mon sentiment, je dirais pour commencer que j’aurais préféré aimer ce film. Oui, franchement, ça m’aurait rendu service, parce que je lui reconnais quand même un paquet de mérites. Et son premier – qui pour moi est presque incontestable – c’est que ce film a un sacré panache. Pour le coup, cette gigantesque scène de bataille navale qui est au cœur de l’intrigue se risque à beaucoup de choses que je trouve presonnellement très rafraichissantes et très efficaces en termes de nervosité. C’est très rythmé, à la fois dans l’enchaînement des événements que dans la mise en scène, et c’est clairement aidé par une gentille envie de transgresser les faits. Ainsi on se retrouve avec des bateaux du XVIe siècle qui se déplacent à la vitesse de hors-bords et qui ont des trajectoires et des propriétés physiques assez intrigantes (comme c’est le cas de la mer soit dit en passant), mais bon, franchement ça tonifie le spectacle… Idem, il y a dans la manière de dépeindre l’ennemi japonais un côté assez exagéré, à deux doigts du sentai, mais qui pour le coup colle plutôt bien à l’état d’esprit général. D’ailleurs l’introduction a pour moi le mérite d’annoncer la chose et de ne pas tromper sur la marchandise. Quand on voit la typographie utilisée pour afficher le titre « The Admiral » et la musique qui lui est associée, il est pour moi bien difficile de ne pas y voir là les codes du cinéma d’action hongkongais des années 80-90. En gros, un peu comme « Il était une fois en Chine » est un film qui s’accommode comme il l’entend de la véritable histoire de Huang Fei-Hong pour un faire un bon spectacle où la torgnole est reine, ici aussi « The Admiral » affirme sa volonté de faire un petit peu ce qu’il veut, tant que c’est au service du spectacle. Donc oui, dans la démarche, je ne peux que suivre amplement. Surtout qu’en plus, même si les effets spéciaux ne sont pas tous réussis, il y a un rendu visuel qui tient clairement la route, avec un vrai savoir-faire dans la mise en scène des différentes scènes d’action… Mais bon… Au final, je confirme malgré tout ma note de 5/10 et je ne vois pas comment je pourrais faire autrement… Parce que bon, malgré toutes ses qualités, « The Admiral » souffre aussi d’une plâtrée de défauts qui, moi, m’ont très régulièrement sorti du film. Le plus important tient dans l’écriture, et notamment celle des dialogues. Pour le coup, on sent que l’action était au cœur des préoccupations parce que ce n’est quand même vraiment pas fameux. A plusieurs reprises, on essaye de faire dire des choses aux personnages pour qu’ils prennent de l’épaisseur – notamment Yi Sun-Shin – mais pour moi ça tombe clairement à l’eau. Ça n’a pas de charisme. Ça n’a pas d’intelligence. Ça n’a même parfois pas de sens… Alors certes, dans un film d’action, ce n’est pas le plus important. Mais d’un autre côté, quand toute la première moitié du film n’est consacrée qu’à ça, ça pose un véritable problème. Et cette faiblesse de l’écriture se retrouve finalement aussi lors de la bataille. Pas mal de passages ou de retournements de situation sont au mieux incompréhensibles au pire totalement absurdes.


Entre Jun-young et sa femme qui parviennent à se faire comprendre à des kilomètres de distance, des fusils qu’on utilise comme des arcs, des paysans qui se téléportent en quelques minutes pour tirer un bateau amiral d’un tourbillon avec seulement quelques barques, des stratégies qui marchent mais qu’on ne réutilise pas juste pour le fun (comme tirer au canon court pour exploser le vaisseau adverse qui tente l’abordage), des stratégies qui fonctionnement mais que tu sais pas pourquoi (parce que bon, foncer pleine face avec un bateau carré sans éperon sur sa proue, je ne vois pas en quoi ça garantit d’exploser les vaisseaux adverses), mais aussi des placements de vaisseaux qui changent d’un moment à un autre de la bataille (moi j’accepte qu’on me fasse une carte interactive des vaisseaux de la flotte de Yi parce qu’un coup ils sont là, un coup ils ne sont plus là), moi j’avoue qu’avec tout ça, je m’y perds et je finis par lâcher l’affaire en mode « ouais bon faîtes ce que vous voulez, visiblement tout est permis »…


Et pour le coup je trouve que c’est vraiment bête que le film ait à ce point négligé ces deux points (l’écriture et la cohérence de l’action) parce que, pour moi, ce sont là les deux éléments qui permettent vraiment de donner de l’ampleur à une scène d’action. S’il se passe quelque-chose sans qu’on sache pourquoi, comment, ni avec quelles contraintes, pour moi c’est très compliqué de s’immerger. Du coup, à vouloir en faire trop, je trouve que le film se surcharge inutilement et finit par se couler lui-même presque involontairement. Et c’est vraiment triste parce que, encore une fois, je trouve que cet « Admiral » a un grand mérite, celui de fournir une proposition de film d’action non seulement originale mais en plus très intéressante en termes de mise en scène… Bref, voilà un film que je ne peux pas considérer comme vraiment réussi, mais que je n’arrive pas non plus à trouver comme totalement loupé. A mon sens, seuls les vrais amateurs de formalisme sauront s’y retrouver. Donc à bon entendeur j’espère…

Créée

le 18 janv. 2018

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