Reprout: ou comment refaire un bon film en moins bien.

Reconnaissant lui-même ses erreurs sur un "Spider-Man 3" trop chargé, Sam Raimi était prêt a rempiler pour un quatrième opus, à condition cette fois de ne plus crouler sous les compromis des producteurs. Las, suite à de sérieux désaccords, le cinéaste quittera le navire, emmenant avec lui ses tête d'affiche Tobey Maguirre et Kirsten Dunst. Dans l'obligation de mettre en chantier un film avant de perdre les droits d'une licence juteuse, la production va choisir l'option du reboot, reprenant tout à zéro. Un choix casse-gueule, à peine dix petites années séparant ce nouvel épisode du premier, encore frais dans la mémoire des spectateurs.

Nous voilà donc condamné à nous retaper une fois encore les origines bien connues du super-héros arachnéen, mais sans l'humour ni l'exaltation qui émanaient de la première partie du film de Sam Raimi. Plus proche de l'univers Ultimate, le script tente vainement de montrer Peter Parker comme un ado lambda mal dans sa peau, de rendre tangible sa relation amoureuse avec Gwen Stacy, mais rien ne fonctionne.

Faute de rythme, faute d'une véritable écriture, "The Amazing Spider-Man" se contente de dérouler un cahier des charges confondant de platitude, mettant des plombes à démarrer et n'abordant jamais correctement des passages pourtant essentiels, à l'image des échanges bâclés entre Parker et son oncle, filiation pourtant au coeur même de la saga.

Piégé dans un monde qui n'est définitivement pas le sien, Marc Webb, réalisateur du très joli "(500) jours ensemble", fait ce qu'il peut, accouche d'une mise en scène propre mais dénuée de la moindre petite vision, ne se rattrapant même pas lors des scènes d'action, prévisibles et pas spectaculaires pour un sou.

Interminable, pas écrit, affreusement numérique (pauvre Lézard) et multipliant les erreurs de casting (seul Andrew Garfield correspond à son rôle), "The Amazing Spider-Man" pu à plein nez le film de producteurs, la vache à lait, mais traduit malheureusement à la perfection le cinéma de divertissement actuel: sans âme, sans coeur, sans couilles.
Gand-Alf
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le 24 nov. 2014

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Gand-Alf

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