De l'espoir, de l'espoir... Pas pour la suite en tout cas...

Je n'allais pas voir ce second épisode avec beaucoup d'attentes, sinon qu'il parvienne au moins à me distraire, le premier étant un étalage de laideur et de niaiseries. Il faut dire qu'il est difficile de passer derrière Raimi et son diptyque de haute volée (vous ne m'en voudrez pas de ne pas l'accabler du ratage que constitue le troisième volet tant il apparait comme peu responsable), et c'est encore plus vrai lorsque le seul intérêt de cette nouvelle saga se trouve être pécuniaire.

Le(s) film(s) n'ont pour intérêt que de faire du placement de produits, tout est pensé pour vendre, il n'y aucune ambition cinématographique derrière tout ça et le studio ne s'en cache même pas. Pourquoi faire un reboot d'une saga qui a marqué son époque grâce à un réalisateur de talent ? Parce que si aucun film sur Spiderman ne sortait avant la fin 2012, la licence retournait automatiquement chez Marvel et adieu la poule aux œufs d'or. Alors chez Sony ils sont pas cons, hors de question de plus faire de blé et encore moins d'être emmerdé par un réalisateur qui a des idées. Les types sont allés chercher un mec avec une réputation correcte (procuré par le sympathique "500 jours ensemble") et lui ont proposé un gros paquet de biftons. Webb n'a pas su dire non (de là à lui jeter la première pierre, bon...) et est devenu un simple faiseur. De l'envie de faire du cinéma ? Non. Du fric, du fric et encore du fric, et c'est parti pour la même recette que le studio Marvel. Hors de question de prendre des risques, de surprendre et encore moins de penser cinéma, le but est uniquement marketing. On place du produit, on vend du goodies, de la figurine, on fait dans le fan-service à foison et on s'assure que les gens ont bien ce qu'ils sont venus chercher (et c'est ça le plus malhonnête, on fait ce que les gens demandent, ce n'est plus de la création, c'est une offre qui répond à une demande sans autre objectif artistique). Un héros cool, un connard poseur donc et de la romance pour ado.

Pourtant, passer l'affreuse scène d’introduction flash-back moche filmé à la truelle dont personne n'a rien à foutre, tout ne débute pas si mal. La classique scène d'exposition du héros qui va combattre un crime somme toute banale dans son univers et sauver la situation sans trop de mal met dans l'ambiance et comporte certaines qualités, notamment dans le rythme et dans la lisibilité (quelques secondes après l'atroce scène de l'avion faut admettre que ça nettoie les yeux). Et j'irai même jusqu'à dire que dans l'ensemble les scènes d'actions sont relativement bien torchées, même si devant leur nombre réduits cela semble assez normal.

Et là commence les problèmes, parce que devoir se taper 2h30 sur un type avec des pouvoir arachnéens sans que cela ne serve à autre chose que le voir suivre sa copine - qui ne l'est plus mais enfin si un peu quand même - le tout aboutissant à des dialogues affligeants et niais que n'aurez pas renié "La revanche des Siths", c'est franchement chiant. Le rythme est affreux, il ne se passe rien pendant une demi heure, ça ne va nul part, puis d'un coup ça explose, Spiderman sauve la situation et boum... une heure à s'emmerder, il ne se repasse à nouveau rien, on suit un type dont on se fout parce qu'il ne dégage rien, son couple ne dégage rien (alors que c’est un vrai couple hors de l'écran parait-il), son passé tragico-tragique ne dégage rien...

On en revient subitement à ses parents, avec une fausse bonne idée de créer le doute sur l'amour que ceux ci lui portait, sauf qu'on sait bien qu'il n'en est rien, ses parents l'aimaient sincèrement, c'était lui le plus important à leurs yeux, blablabla, scène d'émotions chiante, encore du temps de perdu et toujours aucun enjeu à l'horizon, aucun ennemi crédible.

Parce que oui, côté ennemi, c'est pas la joie non plus. On commence avec un type insignifiant qui se fait marcher dessus et qui veut être vu, que les gens le considère et qui voue un culte à Spiderman après que celui ci l'ait sauvé, jusqu'à hériter de pouvoir de manière un peu stupide mais on reste dans l'esprit du truc donc pourquoi pas. Sauf qu'à partir de là tout déraille, le mec passe en quelques minutes de l'incompréhension vis à vis de ce qu'il est, à une envie de devenir un Dieu pour que tout le monde le voit ceci passant par l'anéantissement de l'araignée (Attendez... J'ai rien compris... ça l'a rendu fou en fait son électrocution ? Pourquoi il veut détruire Spiderman d'un coup ? Parce que les caméras l'ont filmé à sa place ? Et puis c'est quoi cet enjeu de merde ? Le mec il veut juste tuer Spiderman, c'est tout ? Et son plan c'est juste d'être plus fort que lui ?)

Bon c'est pas grave on nous promet plein de méchants, le prochain ça va être le vrai, le gros, le type supérieurement intelligent qui va agir dans l'ombre, semer le doute, la confusion, qui va... passer un pacte avec l'ampoule pour casser la gueule à Spiderman, contre sa libération... Ha bah non, raté, encore une qui n'a plan, ni ambition, la seul moyen d'arriver à ses fins qu'il a envisagé c'est la force. Et voyez là aussi la lente montée en puissance de sa fureur, il veut tuer Spiderman parce que ce dernier ne lui a pas donné son sang de peur de lui faire plus de mal qu'autre chose. Les enjeux c'est quelque chose ici... On passera l'anecdotique dernier méchant aussi inutile que stupide (et moche lui aussi, moins que le goblin certes, mais moche quand même).

Bref après deux heures à se demander comment on peut raconter aussi peu de choses (et encore moins d'intéressante) et autant de temps, un évènement majeur se produit et on se dit que le naufrage va être évité. Sacrifier un personnage c'est toujours un bon moyen de relancer une intrigue qui s’essouffle ou, comme ici, peine à trouver son rythme de croisière. Alors c'est laid ça aussi - bordel ce ralenti immonde - là où ils auraient gagné à faire quelque chose de rapide, foudroyant, qu'on ne réalise qu'après coup, on nous étire ça dans tout les sens, laissant de côté le spontané au profit d'une esthétique crade. Mais au moins un pas en avant a été fait, enfin les conséquences sont là. Mais fallait s'arrêter là bordel ! Pourquoi les cinq dernières minutes ? Pourquoi on ne peut pas secouer les fans en les laissant sur un note sombre d'un Spiderman dévasté qui a rendu les armes ? Parce que "Spiderman apporte de l'espoir aux gens" et au cas où vous seriez sourd ou atteint d’Alzheimer, c'est subtilement placé 35 fois pendant le film, alors on fini sur le ton enjoué d'un héros aux grandes valeurs humanistes se dressant contre le chaos et la destruction malgré son chagrin et ses pertes, et qui donne de l'espoir aux gens... Putain c'est niais...

Finalement avec quelques qualités au compteur (de l'action pas dégueulasse, une mort majeure) TAS2 n'est pas le naufrage qu'il aurait pu être, toutefois trop de choses cloches dans son univers pour être crédible, des dialogues navrants, des personnages inexistants, des situations improbables et bien trop de fan service pour créer l'illusion qu'il y avait une volonté de faire du cinéma derrière tout ça. Le film n'existe que parce qu'il y a une importante demande autour de lui et n'est qu'une offre à cette demande, c'est un produit formaté sans ambition cinématographique qui s'assure de répondre aux désirs des consommateurs, bouclant la boucle du "tout-marketing".

Créée

le 5 mai 2014

Modifiée

le 5 mai 2014

Critique lue 264 fois

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-Cédric-

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En fait un mec qui s'appelle Marc Webb, il est destiné à réaliser un film sur Spider-Man... Non ?...

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