Ça démarrait plutôt bien, Georges Clooney joue le beau ténébreux au regard létal façon Delon dans Le Samurai. On ne sait pas grand chose de lui, mais on l'observe dans ses faits et gestes et au travers de ses rencontres. Quelques plans sur un village italien, une ambiance sonore calme, Jack est dans son rituel de tueur à gages. Prendre un café ou aller au marché requiert d'être constamment sur ses gardes. C'est un homme expérimenté et exigeant, seul dans sa chambre d’hôtel, il entretient sa forme, toujours prêt à réagir. Très appliqué et méticuleux dans sa démarche, la première demi-heure consistera à fabriquer une arme pour une charmante et mystérieuse cliente, tueuse à gages également. Jack est à la fois tireur émérite mais aussi spécialiste en armes à feu. C'est avec patience et ingéniosité qu'il confectionne et assemble un fusil, telle une horlogerie de précision...
On aurait apprécié que cette ambiance perdure avec ces jolis cadrages et des petits plans séquences dignes d'un film d'auteur où Georges déambule Incognito dans une vieille Fiat Tempra. La discrétion est un élément clé de la surprise. Mais voilà, dès qu'il s'en amourache pour une charmante italienne, tout bascule, le polar à la belle photographie et au rythme lent et mystérieux se transforme en roman Harlequin. Dommage, c'était bien parti et cela changeait des productions Hollywoodiennes classiques pour un film au ton plus européen et intimiste.
The American est un film esthétique qui n'arrive pas à élever son récit sur la durée, l'atmosphère étrange de la première partie reste cependant très intéressante.