Prenez un BatProzac Emile

Les super-héros c'est pas ma came.
Le moi enfant n'aurait jamais fait ce constat. Des années à fouiller dans les caisses du garage pour dépoussiérer et pouvoir lire et relire les vieux Strange de mon père entre 2 classiques de la ligne claire belge. Le Surfer d'argent, les 4 fantastiques... Beaucoup de Marvel mais aussi un peu de DC : Batman qui me tient compagnie sur France 3 ou en VHS avec mon bol de céréales. L'apothéose arrivera, comme pour beaucoup de ma génération, avec les X-Men de Singer et les Spiderman de Raimi.

Puis j'ai déchanté. Le boom des films de superhéros commence dès les 2000 avec des productions ultra médiocres : Elektra(2005), Catwoman(2004),Dardevil(2003), Hulk(2003)... avant même l'avalanche de Marvel atroces et interchangeables d'aujourd'hui.
Au milieu subsistent toutefois quelques productions de qualité, notamment dans l'univers vidéoludique (les Arkham et la série de Telltalle pour s'en cantonner à Batman) mais aussi quelques films avec une proposition cinématographique intéressante et originale (Logan de Mangold ou évidemment Joker de Phillips.)

C'est donc avec un enthousiasme certain que j'attendais The Batman qui promettait une approche similaire avec une vision adulte et noire de Gotham et de son justicier chauve-souris.

Il faut reconnaitre au film des qualités, notamment en terme de visuel et d'esthétisme. Gotham est sublime, les costumes et maquillages marquants(mention spéciale au Pingouin de Farrell, méconnaissable) et la photo est à tomber.

Au niveau acting, les critiques ont été dithyrambiques sur Pattinson que certains semblent voire réapparaitre ici après son vampiroloveur de Twilight alors qu'il s'intéresse à des rôles intéressants depuis un petit moment, notamment avec Good Time. Il m'est apparu ici comme efficace mais pas transcendant en Batman, voire même agaçant en Bruce Wayne dépressif façon Emoboy, pas bien aidé par Kurt Cobain en BO. La performance des antagonistes a davantage retenu mon attention notamment Farrell excellent en pingouin mais trop peu présent à l'écran ou Dano en Riddler psychopathe.

Il faut dire que les méchants sont bien mis en avants à travers un côté film noir-thriller psycho qui oscille avec insistance entre le Seven de Fincher et le Saw de Wan, et c'est la que le BAT blesse. Car en effet le film ne s'aventure jamais vraiment dans le film froid et cruel qu'on nous a vendu mais suit scrupuleusement son cahier des charges de film de super-héros. On aura donc en vrac l'amourette, la fausse mort du sidekick, des pièges crados au final bien proprets, des combats oubliables et la fin 'apocalyptique mais pas si mal quand même.'

On a donc au final un film prétentieux marketé comme un produit dur alors qu'il a soigneusement veillé a se faire catégoriser Pegi-13 plutôt que 'R-Rating' afin d'éviter les restrictions, un scénario classique qui ne sait jamais dans quel genre s'aventurer et des acteurs sans relief véritable. Reste une Gotham sublime et brillante de noirceur qu'on se plairait à voir (ré)exploitée avec pertinence dans une œuvre qui s'écarterait du carcan du film de Super-héros classique.

En attendant on revisionnera Joker.