La trilogie Dark Knight de Nolan, qui suscite encore beaucoup d'amour et de passion aujourd'hui, est dans toutes les mémoires. Considérés comme des chefs d'œuvres, Matt Reeves partait avec un handicap, la comparaison étant inévitable.
Et là surgit le premier teaser, sombre, sobre, dévoilant Pattinson dans la peau du Batman. Accompagné de ces quelques notes de Giacchino qui seront son thème musical, Pattinson incarne le Batman.
S'ensuite 3 bandes annonces magistralement montées, faisant monter l'excitation chez les fans et cinéphiles. L'engouement est énorme.
Puis le 2 mars, le film de Matt Reeves, The Batman, 100M de $ de budget, sort sur les toiles françaises.

Matt Reeves propose un film bien loin des standards hollywoodiens, du fait de sa durée (presque 3 heures) ou son style (film noir-thriller).
À l'heure d'un MCU qui ne se repose que sur ses acquis, des scènes d'actions aux CGI tout justes finalisés, arrivant toutes les 5 minutes pour maintenir le spectateur éveillé, la Warner, en laissant une liberté artistique totale à Reeves, produit une vraie proposition de cinéma. Là où la franchise de super-héros Marvel ne veut que divertir sans oser, DC, d'abord avec Joker puis maintenant avec The Batman, nous propose de l'art.

The Batman n'est pas un film de super héros. Ce n'est pas un film d'action, et encore moins de science-fiction. The Batman, c'est un film noir. On y retrouve l'ambiance de Seven, de David Fincher :
une ambiance sombre, presque moisie, un antagoniste mystérieux, terrifiant, aux méthodes perturbantes, et un protagoniste perdu, confus, se cherchant lui-même et qui voit son monde basculer. L'image y est sale, poussièereuse, abîmée. Les couleurs ne sont pas éclatantes. Le travail du directeur de la photographie (Greg Fraser, aussi responsable sur Dune) est grandiose, rendant Gotham tangible, sombre mais lisible.


La scène d'introduction, avec la voix off de Pattinson, pose les bases : Gotham est corrompue, le crime règne. Batman est présenté comme un monstre de film d’horreur : tel l'Alien dans le film éponyme de Scott, il peut surgir de n'importe quel coin sombre.
Bruce Wayne est devenu Batman. L'orphelin est devenu le masque, le justicier est l'homme, de la même manière que Pattinson embrasse le costume. Sans avoir un physique bodybuildé comme Affleck, sans jamais jouer le rôle du playboy excentrique de Christian Bale, il nous livre son interprétation d'un Wayne perdu, isolé, presque frêle (à la Kurt Cobain, il est difficile de ne pas faire le rapprochement avec le chanteur de Nirvana) et d'un Batman intelligent, détective et au physique imposant sans excès. Le film refait de Batman le plus grans détective du monde, comme pensé à la genèse du héros dans les comics de Bob Kane.
Le scénario s'enchaîne, nous faisant découvrir par les divers lieux de la ville, les principaux personnages, tous interprétés magistralement (mention spéciale à Colin Farell, méconaissable, jouant Oz et à Kravitz, où l'alchimie avec Pattinson se ressent, sans jamais paraître forcé ou hors-sujet, elle survient naturellement).


Reeves à la réalisation, nous plonge dans le récit. Les scènes d'actions ne sont pas charcutées par un montage épileptique, tout est clair, lisible, avec des plans fixes durant plusieurs secondes. Pas de surenchère de CGI, d'explosions, de scènes héroïques jusqu'à l'indigestion. Tout est dosé, la scène d'action servant le récit, et non l'inverse comme dans la plupart des blockbusters.
L'immersion est immédiate, notamment grâce au talent de Matt Reeves à tenir une caméra, tantôt en vision subjective de Batman, tantôt accroché à la carrosserie de la Batmobile.
Le travail du chef opérateur Greg Fraser est fascinant. Jamais le clair-obscur n'aura été si magnifié. L'abîme noire de la pellicule, ses zones d'ombres, nous livrent bien plus que les pixels colorés des films d'actions lambdas.


La musique de Giacchino mérite à elle seule une critique entière. Les deux accords repris pour le thème du justicier masqué et leurs variations sonnent aussi bien tragiques qu’héroïques. Le thème du Riddler est terrifiant. Les cordes et chœur ne sont pas sans rappelés l'ambiance sonore d'un film d'horreur. L'apparition des célèbres "something in the way" de Nirvana et d’Ave Maria sonnent toujours justes, utilisés sciemment, donnant un sens aux scènes.


The Batman est une réussite, montrant que, si l'on permet à un auteur de s'exprimer, de se libérer des codes, on peut retrouver cet amour du cinéma, ce sentiment de nouveauté excitante, de découverte en s'installant dans un fauteuil rouge.
Matt Reeves peut se permettre de rentrer au club très sélecte des auteurs de blockbusters intelligents, aux côtés de Villeneuve et Nolan.


The Batman m'a happé, m'a transporté, m'a bousculé. Un film de cette envergure ne se voit que rarement, et il faut savoir le reconnaître et l'encenser quand on le trouve. Et surtout ne pas oublier tous les artistes, talents, qui ont contribué à sa réussite totale.

GojiNans
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le 30 juin 2022

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GojiNans

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