Here we go again ! Un nouveau prétendant au col du caped crusader en la personne de Robert Pattinson. Il est jeune, il est beau, il est talentueux et intelligent (en témoigne sa filmographie post Twilight) mais peut-il vraiment être le chevalier noir ? Réponse avec ce The Batman de Matt Reeves.


Le film s’ouvre magnifiquement avec une scène mettant en action le grand méchant qui n’est pas sans rappeler l’ouverture du Dark Knight de Nolan qui débutait par le casse de la banque par le Joker. Là encore, on nous présente d’entrée le bad guy et on observe tout de suite un point très positif… il est sacrément badass. Batman (c’est quand même pour lui qu’on est venu au départ…) se fait attendre mais est magnifiquement introduit après quelques minutes avec une apparition qui met en exergue la crainte qu’il suscite aux criminels. On constate que l’esthétique du film est un de ses gros points forts. Certaines scènes restent longtemps en mémoire et touche franchement le sublime. Gotham n’a sans doute jamais été aussi bien représenté au cinéma, on découvre une ville sale, crasseuse et rongée de l’intérieur. Les visuels du film noir colle parfaitement à cette relecture un poil emo-gothique du chevalier noir.


Le film ne s’embarrasse pas de nous conter une énième fois les origines de l’homme chauve-souris et nous plonge directement dans le quotidien de Batman après deux années passées à combattre le crime à Gotham. Face à son manque de résultat, Bruce Wayne est en plein doute sur le bien fondé de sa mission. Ce parti pris a pour mérite de nous épargner une redite d’événements bien connus mais ce manque d’exposition nous prive d’une caractérisation un peu plus poussée du personnage incarné par Robert Pattinson. Son interprétation au couteau est très bonne et nous laisse plonger dans la psychologie du justicier jusqu’à y entrevoir ses failles mais on a du mal à vraiment saisir ses motivations initiales


oui on le sait il y a la mort de ses parents mais depuis que s'est il passé ?


et j'ai dû attendre la fin du film et la conclusion de son développement pour réellement apprécier la profondeur du personnage. Il est difficile de distinguer toutes les spécificités de CE Batman.


L’une d’entre elle est tout de même bien représentée, le film a décidé de mettre en valeur le Batman détective et la traque du Ridler s’accompagne d’une véritable chasse aux indices qui n'est pas sans rappeler les quêtes annexes de la série Batman Arkham (meilleurs jeux video de SH pas de débat là dessus) dont l’influence se ressent également dans le costume et les gadgets du chevalier noir.


L’autre grande spécificité de ce Batman est donc sa soif de vengeance qu’il essaye de comble tant bien que mal en distribuant des chassés dans les ruelles de Gotham. Peut être est ce la faute de la communication autour du film mais je ne l’ai pas trouvé si violent que ça


à part deux trois moments où il se laisse aller


et les scènes de combats bien que très bien chorégraphiées m’ont laissé un goût de pas assez (en comparaison de la scène d'infiltration d'un BvS par exemple)


L’autre point fort du film est donc bien son méchant. Certes, bien plus proche du Joker de Ledger que du Edward Nygma de Jim Carrey, Paul Dano nous offre ici un bad guy parfaitement dérangé qui crève l’écran à chacune de ses apparitions.


et ce même masqué la plupart du temps c’est fort


Les personnages secondaires sont globalement très bons. Mention spéciale pour Jeffrey Wright qui nous offre une nouvelle itération plus humaine de Jim Gordon qui nous fait presque oublier Gary Oldman. Je reste plus mitigé en revanche sur la performance de la Catwoman de Zoë Kravitz dont la relation avec Batman évolue trop rapidement. Colin Farrell et John Turturro sont à leur aise en mafieux même s’ils semblent tout droit sorti du dernier Ridley Scott (Colin Farell Jared Leto même combat).
Difficile en revanche de juger le Alfred d’Andy Serkis au vu du peu de temps qui lui est consacré.


Le grand absent du film est paradoxalement… Bruce Wayne qu’on voit assez peu. Cette absence est bien expliquée dans le film mais j’aurais aimé en apprendre plus sur son lui civil et même les interactions avec Alfred sont réduites au stricte minimum.


Le thème du film assuré par Michael Giacchino est grandiose et il accompagne aussi bien les scènes d’actions grandiloquentes, que les moments d’émotions tout en se permettant de mettre le grunge de Nirvana à l’honneur par cette utilisation de Something in the Way qui colle parfaitement à l'ambiance du film.



Tout est parfait alors ?



Malheureusement là ou le "bat" blesse, c'est peut-être au niveau scénario. Attention, la traque du Ridler est magistralement orchestré avec une véritable montée en tension de ses méfaits et le jeu du chat et de la souris qu'il mène avec un Batman dépassé est assez jouissif et presque sans fausse note. Cependant on peut noter quelques facilités


The Ridler qui met au point un plan sans faille, s’occupe lui-même de tuer toutes ses victimes mais se contente d’envoyer une bombe par la poste pour tuer Bruce Wayne ? Come on, il pensait vraiment que Bruce Wayne ouvrait ses courriers ? On peut aussi se demander ce qu’attend Carmine Falcone tout au long du film pour réellement s’en prendre à celui qui est en train d’éliminer toutes les parties prenantes de son organisation de corruption et qui en a clairement après lui, il préfère prendre du bon temps à l'Iceberg Lounge. On passe aussi sur la transformation radicale du Ridler de comptable sans histoire et sans but à criminel ne commettant aucune erreur et se permettant d'assassiner de ses propres mains et presque sans problème les hommes les plus importants de la ville.


Mais surtout on regrette certains ressorts assez convenus et déjà vus. Je trouve toutefois que le dernier acte sert parfaitement de conclusion à ce thriller de presque trois heures qui a le mérite de ne pas finir comme 95% des blockbusters actuels, c'est à dire sur un énorme rayon bleu qui menace de rayer toute une ville de la carte (voire plus).


La toute fin avec le célèbre "je me rends compte que je dois incarner l'espoir pour vraiment faire une différence dans ce monde" est assez prévisible.


C'est donc l’excitation qui prédomine à la fin de ce film mené par un Batman vengeur, cynique et parfois violent. Matt Reeves nous propose une vraie expérience "différenciante" à l'heure de la standardisation des blockbusters et se permet de poser les bases d'un univers qui laisse présager beaucoup d'autres aventures...


Cette apparition de Mr J... par contre... il fait très cheap et je vois vraiment pas l'intérêt de l'introduire dès maintenant si c'est pour ne pas l'utiliser... ils n'ont pas appris de leurs erreurs avec Jared Leto ? Affaire à suivre donc


Reste à savoir cette richesse de personnages et d'intrigues vient réellement d'un projet réfléchi ou est simplement la réponse au cahier des charges de la Warner qui cherche toujours à rattraper Marvel et son univers étendu (je crains d'avoir la réponse).

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le 2 mars 2022

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