"THE" : article défini qui se mérite

Gotham City, le 10/03/2022 20:39

Gotham City, encore et toujours. Une ville gangrénée par tout ce que le monde a de plus pourri : flics véreux, procs corrompus, psychopathes en puissance, marginaux extrémistes.. Ouais ouais, on connaît la chanson. C'est un scénar qu'on a déjà vu un bon paquet de fois ; quand bien même un dingo masqué arrive d'un coup sur le devant de la scène pour donner un bon coup à cette fourmilière de pus, ça évoquera forcément un déjà-vu à pas mal de gens. Même moi je mentirai si je disais qu'aux prémices de cette affaire un sentiment de lassitude ne me guettait pas.

Optimiste comme on peut l'être dans un tel univers, on s'est souvent dit que ça pouvait pas être pire. Que rien ne pourrait être plus sombre et dérangé qu'un tel environnement. Il y a bien cette affaire il y a trois ans avec un barge maquillé comme un clown qui avait surpris tout le monde ; y compris votre serviteur. Mais concernant la légende de ce type déguisé en chauve-souris, quelle itération pouvait-on encore en faire ? Depuis 1989, on dirait que tout à été écrit sur le sujet en long en large et en travers. Du très bon comme parfois du très merdique, d'ailleurs.. Le temps a beau avoir une façon bien a lui d'arranger les choses ; plusieurs visages venant s'apposer sur les différentes têtes de gondoles de ce bestiaire... Et bien pourtant, contre toute attente, même les vieux de la vieille tels que moi peuvent encore être surpris.

Ce qui au départ, vus les indices laissées dans la presse et sur le net, pouvait s'apparenter à une resucée d'un truc célèbre de 2008 n'en était au final rien. Des rapports, j'en ai rédigé des tas et en commençant celui-ci je croyais sincèrement que l'originalité ne serait pas au rendez-vous. Tu parles, Charles... Même ce soir, l’orphelin des Wayne affiche aux actualités une dégaine reflétant cet état d'esprit désabusement vengeur, presque résigné d'un monde voué à s'autodétruire par les mains des mêmes psychopathes que ses propres dérives ont engendrés.

Familier, vous trouvez ? Mais faut voir les gnons qu'il peut se prendre, ce vengeur masqué ! Il a beau pas payer de mine avec son air de goth d'Halloween à peu de muscles ; il sait prendre les coups comme il sait les rendre. En solo comme lorsqu'il est épaulé d'un petit bout de fille féline animé de la même quête vengeresse que lui, ils savent y faire ces deux motards : même les sales gueules de Gotham peinent à camoufler leurs débâcles par leurs jeux d'acteurs impeccables devant le public et devant leurs actions.

L'autre là, avec sa tête de manchot pourri, il paye pas de mine. C'est à se demander s'il a pas un chirurgien esthétique en lieu et place d'un maquilleur tellement sa trogne a toutes les chances de vous revenir même quand vous fermez les yeux plus de dix secondes après une lobotomie façon asile d'Arkham. Mais le haut du podium, c'est à cet (autre) cinglé masqué obsédé par les phrases se terminant en point d'interrogation. Aussi sordides que soient ses méfaits, ils m'ont fait sourire en me rappelant au souvenir niais mais amusé d'un autre hurluberlu très semblable dans un truc sorti en milieu de nineties. Faut dire, on se contentait peut-être de peu à l'époque, mais les temps changent... pour le pire et surtout pour le meilleur en ce qui nous concerne.

Retenez bien ce nom : Matt Reeves. Vous le connaissez peut-être, il a quelques bonnes affaires à son actif. Et un peu comme celui qui s'était chargé du cas Arthur Fleck de 2019 on a le droit de dire qu'il s'est surpassé sur ce coup. Son travail a toujours été propre ; là il est carrément brillant. Faut le faire, sur un sujet aussi sombre et avec des protagonistes aussi ténébreux, au propre comme au figuré.

Si vous avez une promotion à accorder, surtout pensez à lui. Vous n'aurez pas lieu de le regretter.

Fin du rapport.