Well...
Dans la foulée des Chèvres du Pentagone, il sera dit que ce samedi avait une saveur particulière, celle des films un peu barrés, avec des personnages hauts en couleur et une ambiance somme toute très personnelle. Et Jeff Bridges.
Contrairement à d'autres films notés principalement sur un souvenir un peu lointain, je n'avais pas de craintes à l'occasion de revoir The Big Lebowski.
De fait, si il n'atteint pas 10 en raison de quelques manques de rythme, il mérite mieux que le 8 d'origine.
Le casting est absolument somptueux, une fois encore la bande son d'une qualité peu commune "habille" à la perfection ce merveilleux délire.
Jeff Bridges, déprimant par sa décontraction et sa nonchalance, jouées avec un naturel déconcertant, incarne impeccablement ce gentil paumé qui, comme le souligne le narrateur, n'a peut-être pas grand chose d'un héros, si ce n'est qu'il rassure par la personnification de ce côté cool et jouisseur que nous n'avons pas tous la chance de savoir assumer.
Succession de tableaux plus ou moins délirants, plus ou moins influencés par la drogue ou l'alcool, The Big Lebowski nous entraîne dans son sillage de pseudo road-movie aux amphét', animé par un enchevêtrement d'intrigues suffisamment crédibles et à la fois surréalistes pour pallier quelques facilités (le concept du rapt, faux ou non ayant malgré tout fait les belles heures du cinéma hollywoodien à quelques reprises déjà).
Là où l'on pêche parfois quelque peu par manque d'originalité ou de rythme, on se rattrape amplement sur le contexte et les protagonistes des scènes, souvent dignes d'un bad trip.
Personnages caricaturaux, esthétique un peu outrancière, du "bon vieux rock bien rétro" comme le disait Marty dans Retour vers le Futur, il y a bien peu à reprocher au film en matière d'audace et d'affirmation de son identité.
On navigue à travers les quelques 2h de film avec finalement le même détachement amusé que le Dude.
Peu de choses sont graves, et pourtant ce qui se trame autour pourrait à chaque instant déraper de la pire des manières... Mais à chaque fois ou presque il retombe sur ses pieds.
C'est cette ambivalence qui m'a sans doute le plus frappé au revisionnage.
Impossible de nier qu'il a marqué son époque, et de quelle manière.
À le revoir, plus de 10 ans après, on comprend encore aisément pourquoi :
The Big Lebowski est presque unique en son genre.
Un film qui impose son rythme, sa personnalité, et on en profite avec délectation.