The Box est certainement l’un des films les plus injustement méprisés de cette année 2009. On a le sentiment que la mauvaise expérience du tentaculaire Southland Tales (qui n’a même pas bénéficié d’une sortie en salle) colle à la peau du jeune Richard Kelly. Pourtant son cinéma a de belles parentés, entre une obsession du mystère typiquement lynchienne et des constructions alambiquées à la Kubrick. Mais curieusement, l’Américain semble vouloir résister à une image trop définie d’intellectuel, et préfère les contours flous d’une culture plus tournée vers l’entertainment et le sous-genre, voire le burlesque (cf. les castings hallucinants, entre Cameron Diaz pour The Box et les acteurs délirants de Southland Tales, The Rock et Sarah Michelle Gellar).

Est-ce cela qui l’éloigne chaque fois un peu plus de la reconnaissance critique et du grand public ? C’est possible, l’un comme l’autre préférant sans doute les repères fixes aux grands écarts de styles. Car il y a de tout chez Kelly : de la poésie, du non-sens, mais aussi du suspense, du fantastique, en passant par la peur et le rire. D’une certaine manière, The Box est certainement le meilleur condensé de tout ce qu’a fait le réalisateur à ce jour : plus déjanté et moins naïf que Donnie Darko, mais un brin plus poli que Southland Tales.

Le pitch est digne d’une dissertation de philosophie niveau terminale : êtes-vous prêts à empocher un gros magot en échange de la vie d’une personne que vous ne connaissez pas ? Mais comme souvent chez Kelly, ledit pitch fait long feu, laissant la place à des débordements narratifs qui nous entraînent dans un tourbillon de sensations et d’énigmes insolubles. On aime à se perdre dans The Box. Entre les enjeux affectifs du couple, la somme de pépins et bizarreries qui s’abattent sur eux, et cette enquête fantastico-policière qui les suit en filigrane, on ne sait plus où donner de la tête. On saisit une bribe d’explication, puis une autre s’échappe. Peu importe, le monde de Richard Kelly a ses règles et on se laisse guider par la beauté de ses personnages, ses plans visionnaires et inquiétants.

François Lam

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