SensCritique a changé. On vous dit tout ici.

Voir le film

Notes sur le film : On est immédiatement saisi par l’ampleur de la mise en scène, qui place The Brutalist sur les rails des plus grands cinéastes, alors que Brady Corbet est pour ainsi dire inconnu – ces deux premiers films sont inédits en France et sa carrière d’acteur passsé chez Michael Haneke, Olivier Assayas, Lars von Trier ou Ruben Ostlund ne l’a pas rendu plus célèbre.

L’histoire, qui retrace la trajectoire d’un Juif exilé aux États-Unis à cause de la présence des Nazis en Europe, a l’ambition thématique des grands récits, car en plus de la découverte et de l’adaptation délicate d’un immigré en territoire étranger, recensés en détails et sur le long terme, The Brutalist place les interrogations relatives à l’art en son centre. Évitant la majeure partie du temps les mauvaises idées autour d’un artiste et de son travail, The Brutalist cède à ce péché dans l’épilogue, quand un hommage rendu à l’architecte en fin de vie permet à un texte lu de rendre compte précisément de la nature de son œuvre, le brutalisme étant décrit chez lui comme une réminiscence de l’architecture des camps de concentration.

C’est le seul point faible, car trop explicatif, d’un film impressionnant de maîtrise, par ailleurs constamment agréable à regarder, et passionnant dans son traitement sans lourdeur des rapports insidieux entre les classes sociales – avec la famille Van Buren surtout -, et de la difficulté de se sentir chez soi à l’étranger, puisque Lazslo Toth (Adrien Brody) sera presque constamment traité comme un citoyen inférieur, sentiment nourri par ses relations sociales complexes avec les Américains de souche, et ce malgré l’immensité de son talent, qui doit le placer dans les cimes. En ce sens, le personnage de Guy Pearce (Van Buren Sr) est fascinant de complexité et de noirceur, car soutien ardent de Lazslo, mais dans le même temps tortionnaire brutal de l’artiste. Le génie (artistique) est un don qui n’exonère jamais des charges de la vie humaine. Et quelles terribles charges ont pesé sur Lazslo durant ces 3h de film...

PepeLucho
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Films découverts en 2025

Créée

hier

Critique lue 2 fois

Critique lue 2 fois

D'autres avis sur The Brutalist

The Brutalist

The Brutalist

le 13 févr. 2025

László au pays des méchants Américains !

Ce film, à peine sorti de la salle de montage, a reçu une avalanche d'éloges, de superlatifs, de comparaisons glorieuses aux plus grands chefs-d'œuvre incontestés du septième art, tout en ayant le...

The Brutalist

The Brutalist

le 10 févr. 2025

Edifice en carton

Accompagné d'une bande annonce grandiloquente, encensé avant même sa sortie par une presse quasi unanime, "The brutalist" se présente d'emblée comme l'œuvre d’un cinéaste malin, notamment par son...

The Brutalist

The Brutalist

le 13 févr. 2025

L'art abîmé de notre temps

Comme beaucoup, je pense, j’ai été attiré par la proposition singulière faite par ce The Brutalist. Un film de plus de 3h30 avec entracte, tourné en VistaVision, le tout en se référant directement...

Du même critique

Years and Years

Years and Years

le 15 juin 2020

Critique de Years and Years par Maxime Pepe Lucho

Notes sur la série : Cette série écrite par, sur et pour des libéraux s'étale sur six épisodes plein de moraline, avec en fond un discours politique simpliste et inepte - "l'extrême droite et...

Saturday Night

Saturday Night

le 22 mars 2025

Critique de Saturday Night par Maxime Pepe Lucho

Notes sur le film : Dédié à l’émission américaine culte de NBC, qui a révélé Eddie Murphy ou Bill Murray, Saturday Night de Jason Reitman est un éloge survitaminé de la troupe des débuts du Saturday...

L'Innocence

L'Innocence

le 10 févr. 2025

Critique de L'Innocence par Maxime Pepe Lucho

Notes sur le film : Inspiré par Rashômon (1950) d’Akira Kurosawa au niveau de sa structure narrative, L’Innocence - ou « Monstre » en VO, ce qui a plus de sens en regard du film - navigue à travers...