A 75 ans, Paul Schrade**r en a encore sous le pied et pas mal dans la caméra. Après l’impressionnant First Reformed, passé malheureusement inaperçu, le scénariste de Taxi Driver de **Martin Scorsese (ici producteur) revient avec The Card Counter tripoter les traumatismes d’une Amérique en quête de rédemption, son thème fétiche depuis des lustres. L’écriture est sèche, la réalisation ne n’exempte jamais l’image d’imperfections dans ce film porté littéralement par la présence impressionnante d’Oscar Isaac dont le personnage de William, rongé par la culpabilité, le trauma de la guerre et de ses dommages collatéraux, interroge sur la vie d’après à travers ses pérégrinations de casinos en casinos. Lieux de vie hors de la vie. Pour des parties de poker aux enjeux presque métaphysique. On sait Paul Schrader fortement attaché à l’imagerie religieuse, à la symbolique des choses et notamment la catharsis. En mâtinant son film au thriller psychologique, il peut ainsi dérouler son chapelet tortueux habituel dans une tension totalement maîtrisée. Sans trop en faire, il regarde et nous fait regarder l’Amérique contemporaine, ses fêlures, avec une forme de distanciation faussement froide. L’influence de Jean-Pierre Melville (celui du Samouraï) est toujours là mais également Robert Bresson (Pickpocket) que le cinéaste a toujours compté comme un modèle incontournable. Film sombre pourtant éclairé des néons artificiels où le destin ne semble jamais pouvoir être enrayé, où les actes se payent toujours un jour ou l’autre, où la rédemption ne peut être qu’un acte de foi désenchanté, The Card Counter est une œuvre souterraine et crépusculaire d’une très grande force.


Autres critiques

AmarokMag
8
Écrit par

Créée

le 6 janv. 2022

Critique lue 53 fois

1 j'aime

Critique lue 53 fois

1

D'autres avis sur The Card Counter

The Card Counter
Docteur_Jivago
7

Redemption Song

Atlantic City, l'Ohio, Las Vegas... Paul Schrader nous emmène dans l'Amérique du jeu et des casinos, celles de l'apparence, des lumières et des paillettes, pour y suivre un personnage pourtant...

le 31 déc. 2021

30 j'aime

2

The Card Counter
JorikVesperhaven
5

Semblant parfois sortir d'un autre temps, ce film noir lent et plat dévoile néanmoins quelques fulgu

En voilà une œuvre particulière! Mais conforme à la filmographie d’un auteur à part dans le cinéma indépendant américain. Révélé dans les années 70 avec le culte « American Gigolo », il a ensuite...

le 3 déc. 2021

26 j'aime

1

The Card Counter
Procol-Harum
7

All-in selon Schrader

Compter les cartes, sans chercher à les abattre pour abattre son adversaire, cela revient à égrener les minutes qui vous séparent de la fin de la partie, de ce moment tant attendu où l’on peut se...

le 3 janv. 2022

20 j'aime

3

Du même critique

Ommadawn
AmarokMag
10

Hymne à la vie

Vingt-deux ans à peine, Mike Oldfield est au sommet du box office et au-delà de ses phobies. Même si la critique a entamé son autodafé routinié avec Hergest Ridge (1974), comme si l’encensement...

le 8 janv. 2012

34 j'aime

2

Monte là-dessus
AmarokMag
8

Vertigineux

C’est en 1917 que Harold Lloyd créa le personnage de « Lunettes » (Glasses en anglais), archétype du jeune homme maladroit, timide, qui deviendra à ce point symbolique que le logotype aujourd’hui...

le 14 déc. 2012

24 j'aime

3

Amarok
AmarokMag
10

Calice

Etrange bestiole le Phoenix ! Un an après le déceptif "Earth Moving", programmé pour un plantage en règle, Mike Oldfield décide de revenir coûte que coûte aux sources de sa musique avec une longue...

le 7 janv. 2012

24 j'aime