William cache un lourd passif, auquel il tente d'échapper en s'enfermant dans une existence clinique et renfermée de joueur professionnel. Nuits éphémères à l'hôtel, comptage de carte, et psychologie de poker seront ses compagnons. Jusqu'au jour où son passé lui explose à la figure...


Etonnant film que "The Card Counter", qui démarre en se focalisant sur des jeux de casino (blackjack et poker). Jeux qui ne seront en réalité qu'une façade, devant un sujet bien plus sérieux et traumatisant, pour le protagoniste et même l'Amérique toute entière, qui débarque sans prévenir.

Il est donc question de torture militaire et institutionnelle. Avec des parallèles intéressants (voire culottés) avec le poker. Dans les deux cas, une approche méthodique et créative est requise, et il s'agit de briser l'adversaire pour le décrypter, ou lui faire perdre ses moyens. Faire son travail discrètement est requis, sous peine d'être repéré et chassé.

Oscar Isaac convient à merveille au rôle principal, homme tourmenté dont la froideur apparente est mise en exergue par une mise en scène épurée. Des plans (souvent gros plans) parfaitement découpés sur leurs personnages, une photographie sobre faisant la part belle aux éclairages artificiels des casinos, et une BO électronique de bel effet. Sans compter quelques scènes originalement filmées, telles ces visions cauchemardesques.


A ses côtés, Tye Sheridan est convaincant, loin des rôles superficiels qu'il a pu tenir dans certains blockbusters. Tandis que Willem Dafoe apporte du cachet dans un petit rôle qui a néanmoins son importance dans l'intrigue.


Le tout pour un film qui ne plaira clairement pas à tous. Le ton clinique et les références aux jeux en mettront clairement certains sur la touche. En effet, passées les explication génériques du début, le film ne s'embarrassera pas de tout expliquer aux néophytes. Et pour cause, les parties sont moins importantes que le cheminement intérieur du protagoniste, assimilé à celui d'une certaine Amérique qui refuse de regarder le passé en face.

Redzing
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le 19 mai 2022

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