Apogée

Deux critiques, la première écrite peu de temps après sa sortie et la seconde lors de son revisionnage en 2022.

Première critique (2006) (9/10) :

Si "Batman Begins" m'avait quelque peu déçu, impossible de l'être avec ce "Dark Knight" assez impressionnant. Nous plongeant dès le départ dans un univers sombre et assez inquiétant, Christopher Nolan sait capter notre attention à tout point de vue, que ce soit par les magnifiques décors ou les différentes relations entre les personnages. Le film peut s'appuyer sur un scénario d'une très grand richesse, apparemment bien décidé à vouloir nous montrer les multiples facettes de ce passionnant héros qu'est Batman.

Mais au-delà de cette intelligence et de cet univers crépusculaire magnifiquement rendu, c'est aussi l'équilibre entre les scènes d'action et de "réflexion" qui saisit, tant l'osmose semble toujours prendre. Enfin, notons l'impeccable prestation des différents acteurs, à commencer, bien sûr, par le regretté Heath Ledger, hallucinant, et nous nous rendrons compte à quel point, malgré quelques infimes défauts légèrement regrettables, ce second volet de la trilogie Nolan parvient est un véritable sommet du film du genre. Magistral.

Seconde critique (2022) (8/10) :

J'en gardais un immense souvenir, le revoir m'a fait légèrement relativiser. Là encore, l'effet de surprise, sans doute, mais pas que. Moins impressionnant, moins monumental, ayant peut-être un peu de mal à faire exister Gotham et ses habitants au-delà de son emblématique antagoniste. Maintenant, au vu des légères réserves que j'avais observé dans le premier volet, il est évident que Christopher Nolan s'est mis ici en mode patron, offrant une œuvre de très grande ampleur, d'un aboutissement visuel total et d'une noirceur assumée comme rarement.

Si certains aspects du scénario sont mieux exploités que d'autres, celui-ci reste souvent abouti, offrant l'image d'un monde en perte totale de repères, où le combat entre le Bien et le Mal semble être un éternel recommencement qui ne sera pas forcément à l'avantage du premier. Au-delà de la magistrale introduction, plusieurs scènes marquantes, notamment presque chacune des apparitions du Joker, qu'Heath Ledger incarne avec une intensité assez prodigieuse : qui aurait pu imaginer pareille prestation ? Moi qui me plaignais de l'absence d'un « méchant principal » dans « Batman Begins », c'est presque l'inverse ici !

Enfin, dans ce qui est l'une de ses dernières grandes prestations, Aaron Eckhart est un Harvey Dent complexe, presque émouvant, auquel on pardonne presque son basculement vers le côté obscur. Presque plus thriller crépusculaire que film de super-héros, « The Dark Knight », malgré un second visionnage moins idéalisé, reste LE titre ayant permis de faire gagner définitivement ses lettres de noblesse au genre, et ce avant la belle conclusion que « The Dark Knight Rises » quatre ans plus tard.