Superman électrique.

Hollywood est rempli de films avortés, soit durant sa conception, soit quelques semaines avant le tournages, pour 1001 raisons, et Superman lives est de ceux-là.
Initié en 1998, peu après une série de flops chez Warner, le film devait être un méga-blockbuster (on parle de 300 millions de $ de budget !) capable de lancer pour de bon la vague des super-héros, en particulier après la débâcle Batman & Robin et peu avant X-Men en 2000.

Ce documentaire, signé Jon Schnepp, revient sur l'avortement du projet Superman lives, annulé à trois semaines du tournage ! Car Warner, échaudé par des films couteux, Batman & Robin et Postman en particulier, ne voulait risquer un autre échec. On a droit à Kevin Smith (un des scénaristes, et qui au départ devait réaliser le film), Lorenzo Di Bonaventura (producteurs), d'autres scénaristes, et enfin Tim Burton, qui reviennent sur ce qu'aurait du être ce film, qu'on ne verra donc jamais...

Conçuu au départ comme une sorte de suite au comics The death of Superman, on devait voir la renaissance du super-héros, avec des cheveux longs et une tenue très sombre, et un ennemi qui fusionne Lex Luthor et Brainiac, donnant droit à des dessins grotesques où on aurait eu droit à une araignée avec une tête dans un bocal ! Mais d'une certaine façon, la tonalité du film aurait été sombre, préfigurant Superman returns ou Man of Steel dans l'idée.

On a ainsi droit à des tonnes de dessins de production, des storyboards, des rencontres avec des techniciens (dont le directeur artistique, qui a l'air d'en avoir gros sur la patate), et si l'ambition semblait là, je ne suis pas sûr que le résultat final aurait été à la hauteur.
Si les informations données par le documentaire sont très intéressantes, la forme est plus discutable.
Le réalisateur, Jon Schnepp, se met beaucoup en avant, et la mise en scène de ces interviews est catastrophique ; quand le son n'est pas désynchronisé, les gens paraissent avachis dans leurs fauteuils, laissant presque apparaitre leur bide. Le clou est atteint quand un des scénaristes reçoit un coup de fil en plein interview, puis répond l'air de rien au téléphone alors que Jon Schnepp se met à boire un coup, alors que la caméra tourne !
Même si cette fois, on a des extraits de films de Tim Burton, c'est vraiment amateur : ça me fait penser à ces docus sur la saga Psychose ou Vendredi 13 qui sont très mal fichus, avec ces fameux types aux cheveux gras à l'image...
Quant à l'interview de Tim Burton, elle est assez décevante : la forme est non seulement horrible, avec un type aux lunettes de soleil dans une chambre elle-même sombre, mais on entend une sorte d'écho qui fait que ses propos, sous Prozac, ne sont pas forcément intelligibles.

La force du film tient surtout dans ces archives, et notamment les fameux tests vidéos où Nicolas Cage essaie sa tenue, avec des cheveux longs en guise de perruque. D'ailleurs, il est dommage que ce dernier ne soit pas présent dans le docu, car on sait que le personnage de Superman lui tient particulièrement à cœur ; il a appelé son fils Ka-El !
La tenue montrée dans le film est d'un bleu métallique, presque organique, où il a été envisagé que la cape soit également une arme, capable de se raidir et de devenir un boomerang ! On voit d'autres tests, avec des tenues translucides, mais plus épaisses, ou qui clignotent, mais plus ça allait, plus je me disais qu'on l'a échappé belle.

C'est peut-être en voyant ces vidéos que Warner a décidé d'annuler le projet à seulement trois semaines du tournage ; d'ailleurs, le casting final n'était toujours pas terminé. Il en résulte au fond un grand gâchis, ainsi que 12 millions de dollars de préparation partis en fumée...

C'est toujours intéressant de voir la genèse d'un film qui n'existe pas, ça a donné de grands films comme Lost in La Mancha, mais ça manque au fond d'une émotion, de se dire qu'on a loupé quelque chose, car sur près de deux heures, Jon Schnepp a peut-être voulu trop en mettre. Et puis, mine de rien, la forme peut être rebutante : qu'importe les infos, un film se doit d'être soigné.