Il y a environ deux ans, je vous présentais The Divine Move, une bobine sud-coréenne centrée sur le jeu de Go. Déjà, faire un film sur le jeu de Go, un film d‘action qui plus est, c’était couillu. Mais enquiller avec une (fausse) suite, c’est doublement couillu. Imaginez que nous, occidentaux, nous sortions un film ou une série consacré aux échecs. Oui, je sais, nous sommes d’accord, ça a déjà été fait, comme par exemple avec la récente série à succès The Queen’s Gambit, mais pas en mode gros film d’action consacré aux échecs. Mais les Coréens ont osé le faire avec le jeu de Go, et avec succès puisque le premier film a été une jolie reussite au box-office local et que ce deuxième film, intitulé The Divine Move 2 : The Wrathful, a également fait son petit effet auprès du public. Le premier film était bien divertissant, mais qu’en est-il du deuxième ?


The Divine Move 2 : The Wrathful n’a pas réellement de lien avec le premier si ce n’est le jeu de Go. Pas le même réalisateur, pas les mêmes acteurs ni même les mêmes personnages, nous sommes ici dans une sorte de spin-off se déroulant dans les années 90. On y suit Gui-su, jeune amateur du jeu de Go sans le sou, obligé de travailler chez des gens riches pour se faire un peu d’argent, sans parent, livré à lui-même avec sa sœur. Mais lorsque cette dernière met fin à ses jours après avoir été violée par le meilleur joueur de Go de toute la Corée chez qui elle faisait le ménage, Gui-su se jure de la venger. Armé de son sac à dos et d’un peu d’argent, il quitte sa ville et part trouver un maitre du Go pour se perfectionner. Quelques années plus tard, Gui-su se lance dans sa quête vengeresse. Épaulé par Ddong, un organisateur de rencontres, il va se frotter à plusieurs maitres du jeu de Go avec en ligne de mire son objectif ultime, lancer un défi à celui qui a violé et provoqué la mort de sa sœur. Un défi où la défaite sera synonyme de mort. Le scénario de ce Divine Move 2 manque de profondeur. Plutôt que de se concentrer sur son histoire principale, il va parfois se perdre dans une sous intrigue (celle avec le gosse au visage brûlé) qui au final n’amène rien au récit, d’autant plus qu’elle est expédiée de manière étrange (on ne sait pas ce qu’il advient dudit gosse). On aurait préféré qu’il prenne plus le temps de développer certains personnages secondaires qui gravitent autour du héros. Car au final, il s’agit d’une simple histoire de vengeance qu’on enrobe avec du jeu de Go. Une histoire de vengeance qui manque clairement de rebondissements. En effet, on a l’impression que le héros du film est invincible, aussi bien physiquement qu’en matière de jeu de Go. Du coup, ça perd immédiatement en tension car on sait d’avance qu’il ne lui arrivera pas grand-chose. Autre point qui déçoit, le final. Là où le premier film avait une scène finale très tendue et intense, mixant Go et action, ici ça manque de puissance et c’est au final assez plat. L’idée sur le papier de le faire affronter 100 adversaires avait de quoi être séduisante, en images le résultat est plus décevant.


Malgré tout, The Divine Move 2 est suffisamment rythmé et on ne s’ennuie pas. La progression du scénario est malgré tout assez fluide, avec des flashbacks qui vont nous en apprendre plus sur la scène du film qui va déclencher ce désir de vengeance. Le réalisateur Khan Lee, dont c’est le premier film, nous dépeint un monde souterrain presque surréaliste où les différents personnages sont obsédés par le jeu de Go au point de risquer la mort et le démembrement pour éviter de reconnaître qu’ils sont peut-être moins doués que les autres joueurs. Aussi bizarre que cela puisse paraitre sur le papier, c’est assez convaincant dans la pratique, un peu comme si leur obsession pour ce jeu était une représentation de leur incapacité à trouver une quelconque satisfaction dans la vie normale. Pour le spectateur que nous sommes, pas besoin malgré tout de connaitre le jeu de Go, bien qu’on se dise parfois que certaines scènes auraient eu plus d’impact si on comprenait les différents mouvements et techniques. La mise en scène est, comme très souvent dans le cinéma coréen, très léchée. Certaines scènes sont visuellement impressionnantes à l’instar de ce combat dans les toilettes ou celui qui n’est éclairé par intermittence que par une lampe de poche. Comme dans le premier opus, ces scènes d’action sont très brutales, très violentes, avec des moments qui font vraiment très mal. A saluer également le très bon casting avec des acteurs vraiment très charismatiques nous gratifiants d’un très bon jeu malgré des dialogues qui n’ont rien de mémorables. Kwon Sang-Woo (The Accidental Detective, Running Wild), qui interprète le héros, pourra paraître très monolithique, mais c’est son rôle qui veut ça, avec ce personnage presque mutique, meurtri par son passé.


Bien qu’un poil en deçà du premier film, The Divine Move 2 est un honnête divertissement mêlant action et jeu de Go. Même s’il possède de nombreux défauts, il est sauvé par une excellente mise en scène et un bon rythme.


Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com

cherycok
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le 14 sept. 2021

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