Parfois appelé The Maidens of Heavenly Mountains ou encore Semi-Gods and Semi-Evils, The Dragon Chronicles arrive chez nous via Spectrum Films dans un double programme dédié à Brigitte Lin, aux côtés de Handsome Siblings (1992). S’inspirant du célèbre roman de Louis Cha « Demi-Gods and Semi-Evils », The Dragon Chronicles est mis en scène par Andy Chin, réalisateur de bobines telles que To Catch a Thief (1991), Sisters in Law (1992) ou encore Call Girl ’92 (1992). Ce n’est certes pas le réalisateur le plus connu de l’ex-colonie britannique, ni même le plus talentueux, mais son expérience dans les films avec une distribution quasi exclusivement féminine l’a rendu apte à mettre en boite ce wu xia pian fantasy des plus audacieux, résolument féminin. Bien que considéré comme un gros flop étant donné l’ambition qu’il semble y avoir derrière et son non-succès commercial – il ne cumule que 6M$HK au box-office, le positionnant à la 57ème place des films HK sortis en 1994 – The Dragon Chronicles est pourtant un spectacle souvent jouissif, bien que bancal sur certains points assez importants.


Nous sommes ici dans de la fantasy pur jus, avec des protagonistes qui défient toutes les lois de la gravité, virevoltant jusqu’à plus soif pour le plus grand plaisir des amateurs du genre. Les non-initiés, eux, resteront sans doute plus que perplexes. On frôle souvent l’hystérie, d’autant plus que l’ensemble est agrémenté d’explosions, de couleurs vives à outrance, de boulettes lasers et autres pouvoirs magiques en tout genre. On est parfois plus proche de Dragon Ball Z que d’un Wu Xia Pian classique. Et pourtant, on ne sait par quel procédé miraculeux, l’ensemble reste constamment lisible malgré le bruit et la fureur ambiante. On en prend plein les yeux, parfois trop au point que certaines images semblent sortir d’un kaléidoscope et pourraient heurter la sensibilité des plus épileptiques d’entre nous. The Dragon Chronicles est réputé pour sa beauté visuelle et il est clair qu’il ne démérite pas à ce niveau-là. Bien que certains effets spéciaux ont mal vieilli, la beauté plastique de l’ensemble est à saluer. Cet effet brumeux présent sur plusieurs scènes et ces couleurs souvent pastels donnent à The Dragon Chronicles un côté onirique. Ses nombreux plans avec des tissus multicolores sont du plus bel effet, certains plans sont tout simplement de toute beauté et auraient très bien pu être des toiles de maitres, à la fois incroyables et surréalistes. Certaines scènes sont juste folles comme la course poursuite aérienne façon shoot’em up à mi film par exemple qui nous laisse bouche bée. Ajoutez à cela qu’il réunit trois beautés du cinéma de Hong Kong / Chinois, à savoir Gong Li, Brigitte Lin et Sharla Cheung Man, ces deux dernières étant déjà présentes dans le 2ème film coffret Spectrum. Trois actrices ici très glamour qui vont porter le film sur leurs épaules au point que, lorsqu’elles ne sont pas à l’écran, il nous tarde de les y voir revenir. Le réalisateur semble se délecter de leur présence et, à chaque plan où elles apparaissent, on sent que, quelque part, son film est une ode à la beauté.


Les scènes d’action sont nombreuses et le résultat très rythmé, parfois même un peu trop car cette vitesse à laquelle défile le scénario ne laisse parfois pas le temps à certains personnages de s’installer ou à certaines thématiques, comme la réincarnation, la vengeance ou l’opposition amour/haine, d’être suffisamment approfondies. Pire encore, on a l’impression que le scénario a été oublié en cours de route, au point qu’on se demande parfois pourquoi certains personnages font ce qu’ils font. Ou alors le film à subit des coupes drastiques lors du montage, c’est possible aussi. Il faut dire que, en compressant le matériau de base en 1h37, il y avait peu de chance d’aboutir à quelque chose de fluide et de réellement compréhensible. Je défie quiconque de raconter le scénario de ce qu’il vient de voir après un premier visionnage. On comprend qu’il y a une guerre incessante entre deux sectes qui ont à leur tête deux personnages surpuissants dotés de pouvoirs magiques comparables à des Dieux. Il y a aussi des « demi-dieux » qui sont en embuscade et qu’au milieu de tout ça, il y a un disciple qui va passer son temps à conspirer, un moine aux étranges pouvoirs, et un jeu de pouvoir duquel va découler de nombreux morts. Avec bien entendu des alliances, des trahisons, des personnages qui changent de camp et autres sous-intrigues plus ou moins compréhensibles. Pour les tenants et aboutissants, vous verrez par vous-mêmes, c’est compliqué. Du coup, si ce n’est par la beauté plastique de certains personnages, difficile de s’attacher réellement à eux. Mais si vous arrivez à ne plus faire cas au scénario brouillon, confus, et que vous vous laissez porter par les images et le trio d’actrices, The Dragon Chronicles devient un joyeux bordel parfois très jouissif.


Difficile d’être happé par le scénario de The Dragon Chronicles tant il est confus voire bordélique. Mais d’un point de vue strictement visuel et sensoriel, le film est une grande réussite tant certaines scènes sont d’une beauté rare dans un wu xia pian fantasy.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-the-dragon-chronicles-de-andy-chin-1994/

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le 15 févr. 2024

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