« I'm playing ! You hear me ? » ERNIE DAVIS

C’est à peine âgé de la trentaine, en 1966, que Jim Brown s’éloigne des terrains de football américain. Brown voulait utiliser sa vie d’ancien joueur de football pour se concentrer sur une carrière dans le cinéma. Il abandonne définitivement les Browns de Cleveland et apparaît dans des dizaines de films, dont le célèbre The Dirty Dozen en 1967.

Ici, on ne s’intéresse pas à la carrière cinématographique de Jim Brown, mais à celui qui a pris sa place et son numéro (le n°44) dans le club universitaire des Orange de Syracuse quand Brown est parti chez les Browns de Cleveland : Ernie Davis

The Express se déroule en 1959 où les Orange de Syracuse ressortent invaincues de la saison. Ernie Davis emmène son équipe de Syracuse à la victoire du championnat NCAA de football américain après une dernière victoire contre les Longhorns du Texas dans le Cotton Bowl disputé le 1er janvier 1960. 

Le film se souvient surtout d'une époque où les joueurs noirs n'étaient pas les bienvenus dans le Sud de l'Amérique. Il montre des fans racistes criant sur Ernie Davis et lui lançant des canettes de bière lors des matchs. Pourtant Ernie Davis était loin d'être la première star noire de l’équipe universitaire des Orange de Syracuse : Jim Brown l'a précédé. 

Ce qui rend le film spécial, c'est qu'il se concentre non seulement sur le football américain, sur la ségrégation, mais aussi sur la relation que Ernie Davis avait avec son entraîneur : Ben Schwartzwalder interprété très justement par Dennis Quaid. Schwartzwalder n'était pas un raciste selon les normes de l'époque (mais il l’est selon les normes d'aujourd'hui). Pas ouvertement, mais comme le montre subtilement Dennis Quaid dans sa performance, l'entraîneur avait une certaine distance mentale avec les Afro-Américains. Il a promis à Ernie Davis qu'il développerait son incroyable capacité et il l'a fait. Dans le processus, apprendre à connaître Ernie Davis faisait partie d'un développement fondamental de l'attitude de Schwartzwalder. Rob Brown est lui aussi très juste dans son rôle, calquant très proprement Ernie Davis. Ils sont tous les deux devenus de meilleurs hommes grâce à leur amitié. Le film parle de football, mais cette relation est son sujet le plus profond.

Les deux auteurs tiennent le film à eux deux, mais ils sont épaulés par un casting secondaire très solide avec Charles S. Dutton, Clancy Brown ou Omar Benson Miller. 

L'athlète héroïque réalisant ses rêves et mourant trop tôt est un archétype de film durable, souvenons nous de Pride of the Yankees en 1942 ou Brian's Song en 1971. Parce que nous entrons dans ces films en sachant que le héros va mourir, chaque scène prend une signification supplémentaire.

Ernie Davis est le premier Afro-Américain à remporter le trophée Heisman. Il signe ensuite chez les Browns de Cleveland pour rejoindre Jim Brown en 1961 et annonce sa leucémie en 1962. Les Browns ne pourront jamais voir la paire de rêve : Jim Brown et Ernie Davis car ce dernier ne pourra jamais participer à un match professionnel.

Ernie Davis est décédé le 18 mai 1963 a l’âge de 23 ans.

Son numéro 44 chez les Orange de Syracuse (qui était aussi celui de Jim Brown) est repris par Floyd Little interprété par Chadwick Boseman dans son premier rôle au cinéma.

The Express est l’adaptation du roman biographique Ernie Davis : The Elmira Express de Robert C. Gallagher. Il y a eu quelques réécritures par Charles Leavitt pour condenser la vie de Ernie Davis et c’est Gary Fleder qui s’occupe de la mise en scène plutôt classique.

Jim Brown, Ernie Davis et Floyd Little sont des athlètes qui ont marqués l’université de Syracuse et la cause des Afro-Américains dans le sport universitaire. Si la mise en scène est somme toute classique, l’histoire cruelle et pourtant très belle de Ernie Davis bouleverse le spectateur.

StevenBen
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le 8 nov. 2022

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Steven Benard

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