Ce qu'il y a de bien avec Ryan Gosling, son côté bodybuildé, sa mine toujours à peu près identique, un peu distanciée, un peu amusée, c'est qu'il a su échapper aux rôles caricaturaux de héros invincible de films à haut indice de testostérone, comme Hollywood en concocte par dizaines.
Il ne s'agit pas exemple pas d'un Vin Diesel.
Il a généralement flairé les bons rôles. Bon, on peut discuter la qualité de son rôle de Ken débilissime dans le récent Barbie, mais il y tourne en dérision son image de bogosse.
Dans ce "fall guy", il joue le casse-cou, ou l'homme qui tombe à pic, selon la discutable traduction de la série de 1982 de Glen A. Larson, lors de sa diffusion à la télévision française.
Ce casse-cou, c'est le cascadeur. Autrement dit la doublure du héros, celui qui prend les coups à sa place. Celui qui, précisément, fait tout ce qu'il faut dans la réalité pour qu'il paraisse héroïque à l'écran.
Il n'y a pas grand-chose à raconter sur The Fall Guy parce que c'est un pur film d'action, mais avec une âme. Colt Seavers est amoureux de la réalisatrice jouée par Emily Blunt, passablement gaffeur, plus touchant qu'invulnérable, et poissard comme pas deux.
On est loin du Cliff Booth de Once Upon a Time in Hollywood, génialement cabotiné par un Brad Pitt irrésistible. Le film de David Leitch met en scène deux comédiens au talent indiscutable, un couple de cinéma qui n'atteint certes pas au sommets de La La Land, avec Emma Watson. Mais un couple qui occupe le cœur de l'action, évolue gentiment entre passion et ressentiment, et dont l'histoire apporte un contrepoint nécessaire au côté baston/ cascades du film, qui le tirerait vers l'ennui s'il sans un peu de romance.
En définitive, un bon petit film pop corn, auquel il ne faut pas demander d'être autre chose qu'un divertissement un peu régressif.
Un dernier mot : dans l'inévitable cameo final de Lee Majors — l'acteur qui joue le rôle-titre de la série susmentionnée —, on s'étonne qu'il semble avoir si peu vieilli. À l'inverse de cette série qui à bien des égards est aujourd'hui irregardable, ringarde comme pas deux, à l'instar de beaucoup de séries de Glen A. Larson (par exemple le déplorable Galactica) ; le présent film réinterprète la série d'une façon contemporaine, la débarrassant de cette lourdeur vieillotte, de cette médiocrité du petit écran des années quatre-vingt qui, à quelques exceptions sérielles près, suait l'ennui.
Tout ce que n'est pas ce Fall Guy 2024.