Pourquoi n’attribuer qu’un 6/10 qui pourrait apparaitre comme une note plutôt faible à un film que j’ai trouvé bon et à l’interprétation parfaite ?


Parce que le point fort du film est, surtout, l’ingéniosité de la mise en scène, basée sur sa pièce, du réalisateur Florian Zeller. Toutefois si je n'attendais pas de l'inconvenance ou du cynisme, j'aurais voulu quand même plus d'audace. Le huis clos est certainement voulu pour appuyer la notion d’enfermement psychologique mais j’aurais quand même aussi préféré qu’il y ait plusieurs autres plans que l'intérieur d'un appartement bourgeois.


C’est certainement ce qui m’a le plus désappointée. L’histoire en elle-même ne revêtira pas vraisemblablement un grand intérêt à ceux, comme moi, qui ont vécu avec l’un de leurs proches une situation analogue.


La particularité de la mise en scène est qu’on nous montre non pas ce que donnent, observées (et vécues) de l’extérieur, les séquelles entrainées par l’affection mais ce que la personne, qui en est atteinte, peu à peu (et de plus en plus) vit , avec ses confusions de temps et de lieux, ses souvenirs qui s’entrechoquent, se mélangent, se confondent, se contredisent, même les décors dont les couleurs singulièrement changent ont leur importance.


L’autre point fort du film est bien entendu le jeu d’Anthony Hopkins. Naturellement qu’il est superbe. D’ailleurs, il suffit de lire les commentaires dithyrambiques sur sa prestation : époustouflante, extraordinaire, bluffante, phénoménale, fantastique, magistrale.


Je ne vais pas prendre le contre pied de tels commentaires mais quand même, il me semble qu’il ne fallait pas attendre que ce comédien ait plus de 80 ans (et qu’il ait interprété depuis 50 ans une kyrielle de rôles différents) pour trouver qu’il est un acteur magistral !


Anthony Hopkins a tout interprété, allant de l’aristocrate guindé au psychopathe (Hannibal Lecter bien entendu mais il y a eu Magic auparavant aussi), du fantasque au militaire, de l’ecclésiastique à l’avocat, sans oublier tous ses rôles historiques ! Je me dispense d’en établir la liste qui serait interminable. Il en serait de même pour la liste des récompenses qu’il a obtenues ! Je suis même presque sûre que pour lui, interpréter cet homme vieillissant qui n’a plus de repères n’a pas été un exercice des plus difficiles.


La seule surprise que j’ai eue à son sujet fut d’apprendre qu’il était un pianiste accompli, qu’il était compositeur et se produisait même en concert.


Olivia Colman, dont je connais bien moins le parcours, offre un jeu qui m’a séduite , entre larmes et sourires, écartelée entre l’affection qu’elle porte à son père et sa propre vie (privée) On devine toute sa souffrance et elle n’en fait pas des tonnes.

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le 14 avr. 2021

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