Une raison de plus de pas faire de bébé

Je suis allé au cinéma réticent, mais curieux. D'un côté, nous avions les fans de DC et autres spectateurs lambdas qui conspuaient le film sur internet depuis deux semaines et de l'autre côté, James Gunn et les sbires de l'industrie DC qui invoquait ce truc comme une révolution et un chef-d'œuvre de l'industrie.

Alors qu'en est-il de The Flash (2023) ?

Et bien, il faut croire que je suis un chien de l'impérialisme américain puisque passé la scène cauchemardesque, titanesquement horrible, atrocement moisie, voire meurtrière par sa nullité ultime ; J'ai plutôt passé un bon moment. Alors attention, je ne trouve pas que ce soit un excellent film.

Commençons par le visuel : Non, ce n'est pas aussi abominable au cinéma que sur internet. Mais, les FX ont la fâcheuse tendance à osciller entre le correct sympathique et la merde terrifiante (scène des bébés). Alors, je me surprenais quand même à apprécier le coloré assumé qui rendait des scènes plutôt drôles dans lesquelles les effets visuels marchaient bien. Malgré cela, la mise-en-scène de Muschietti ne nous transcende pas au-delà d'une lumière généralement réussie, appuyant bien ce ton fun et décalé. Tout est filmé en grand angle afin d'en voir le plus possible. Peut-être qu'en voir moins aurait d'ailleurs fait du bien aux effets visuels, mais je m'égare. Alors, on se surprend à souffler face à des scènes de courses mollassonnes et mal filmées, sans caractères et au dégueulis numériques omniprésent.

L'on sait de ses précédentes productions (Duologie Ça notamment) qu'il n'a pas de patte esthétique, si ce n'est une lumière et des couleurs plutôt chiadées et assez réussies, que l'on ne retrouve pas ici autant que dans ses deux précédents films. Dommage.

Mais, alors, qu'est-ce qui pourrait sauver ce film, s'il est moche et fadement réalisé ? Son intrigue principale.

Le scénario, bien qu'ils reprennent beaucoup de poncifs du voyage temporel ; Les références à retour vers le futur, c'est pratique pour expliquer simplement son concept ; Le film n'en fait jamais trop et se cantonne à une logique plus que compréhensible et qui permet de soutenir au mieux ses scènes amusantes, d'action et d'échange entre les deux personnages très bien campés par Ezra Miller. L'idée tient tellement bien la route que je goberais presque le fan service qui ramène Michael Keaton des enfers de Birdman, mon film favori. Et, même si celui-ci n'est venu qu'encaisser son chèque, je trouve sa prestation en vieux batman plutôt sympathique, à l'instar de sa performance des deux volets de Burton, dans lesquels celui-ci ne m'avait jamais transcendé de toute façon.

De plus, j'ai trouvé que la balance entre les scènes purement funs et orientées actions, et les scènes présentant du conflit et des moments émotionnels, était assez efficace. Je pense ici au dénouement avec le second flash devenant zinzin, qui fonctionne bien puisqu'à grand ressort de multivers qui se rentre dedans, on nous présente une conclusion plus psychologique que d'autres productions DCEU, qui n'ont comme qualités que leurs effets et leur réalisation. Je pense aussi à toute la trame familiale avec Flash et sa moman, qui en plus d'être convaincante, est très bien intégrée au récit et a su profondément me toucher, notamment lors de la scène du supermarché. S'il y a bien une chose que je reconnais au film, c'est son oscillement entre sérieux et divertissement que l'on pourrait aisément catégorisé comme intrinsèque aux films de super-héros actuel, mais souvent moins bien exécuté qu'ici.

Malgré cela, je trouve que dans le développement de ses personnages, certains hics sont assez flagrants. L'iconisation de Flash est complétement raté, et je regretterai presque Justice Ligue qui avait au moins le mérite de nous le montrer classe autant que bouffon. Ici, il remplira tout de même sa tâche d'être le comique de la bande. J'aurais aimé voir plus de moment qui l'imprime comme sur une case de comics, aspect qui se perd au fil des années dans ces productions, pour mon plus grand dam. Le personnage de Kara est aussi assez mal-exploité puisque n'ayant en rien l'air d'un être sentient, et plus un personnage fort de film. Son aspect rigide ne l'empêchait pas d'avoir quelques moments brisant celui-ci afin d'en faire un vrai personnage. Mais, elle se rattrapera dans des scènes d'actions réussies et plutôt prenantes pour la plupart, dans lesquelles les effets sont plus que convaincant, notamment la bataille dans le désert (sigh) avec Zod.

Alors voilà. J'aurais aimé me ranger et huer ce film dont les producteurs nous ont vendu le chef-d'oeuvre qu'il n'est pas. Peut-être que je l'aurais fait si j'étais allé le voir dès sa sortie, avant son bad buzz. Mais, non. Je l'ai vu sans convictions et ai pris plaisir à découvrir ces personnages et leur histoire sympa, dans des scènes d'actions réussis au milieu d'une esthétique inégale et de fan service incessant, et agaçant, lorsque ce n'est pas à la limite de l'éthique (faire revenir un acteur à la vie grâce aux CGI pour incarner un rôle qui l'a tué, c'est assez moyen).

(Évidemment, malgré sa performance, je souhaite qu'Ezra Miller soit jugé.e pour ses crimes plutôt que de faire des blagues dans un écran de cinéma.)