À Ennui-Sur-Blasé, de multiples histoires et vies se côtoient, résonnent à l'unisson et c'est, tel un metteur en scène de pièce de théâtre, qu'incombe à Wes Anderson de dévoiler ces multiples tranches de vie.
Quand elles ne sentent pas le gaz lacrymogène et brûlent les yeux, les rues de cette petite ville française bouillonnent d'énergie. Celle d'une jeunesse rebelle des années 68 comme à l'image de ce jeune révolutionnaire en train d'écrire un manifeste en collaboration avec une journaliste.
Mais aussi celle d'un amour complexe entre une gardienne de prison devenue muse d'un artiste condamné à la prison et voyant ses œuvres devenir iconiques.
Toutes ces histoires, vues par le biais des divers journalistes travaillant au journal The French Dispatch, offrent donc un regard d'horizon parfois touchant, parfois poétique, parfois amer, d'une jeunesse désabusée comme d'un repas gastronomique ayant tourné court.
Toujours avec une passion et une minutie démentielle, Wes Anderson capture avec un aspect théâtral poussé à son paroxysme la beauté du cinéma français en y faisant allègrement référence, tout comme il pousse sa capacité à faire "du Wes Anderson" dans son niveau de perfection ultime du détail, des décors maquette minutieux, et des longs dialogues narratifs.
Pour autant, si l'on pourra avoir la sensation d'un casting presque trop pléthorique, permettant difficilement à chaque acteurs et actrices de laisser pleine expression de son talent et de sa prestance, on appréciera la justesse d'équilibre de temps d'écran que le réalisateur aura donné à la grande majorité du casting, leur permettant de laisser libre cours à leur performance dans des plans fixes Andersonniens noir et blanc de toute beauté.
Une nouvelle preuve que le maître a encore beaucoup de choses à nous raconter.