The Great Happiness Space: Tale of an Osaka Love Thief par Kayasse

The great happiness space est un documentaire qui se penche sur un phénomène particulièrement marginal : les bars à hôtes.

Là où les bars à hôtesses sont assez connus dans plusieurs pays du monde et au Japon, la ville d'Osaka qui compte beaucoup de ces bars héberge également des bars à hôtes où de jeunes hommes dont l'apparence et la tenue vestimentaire rappellent les groupes de visual rock et jpop.

Le principe est assez simple, des jeunes femmes payent pour passer du temps avec un des 10 jeunes hommes du bar (une hiérarchie assez naturelle apparaît entre eux en fonction de leur popularité) qui ne manquent pas de les flatter, flirter avec elles en imitant des rituels de séduction et de drague. Le souci est qu'on ne prend pas de rendez vous dans ce genre de bar, certaines clientes régulières d'un même hôte peuvent se présenter le même soir et celle qui aura le droit à la présence de son jeune éphèbe préféré sera celle qui aura le moins de remords à se délester de quelques milliers de yens pour se payer des bouteilles de champagne sur-tarifées.

Il en faut cependant certainement pas envier qui que ce soit ici, les jeunes filles sont de leur propre aveux assez malheureuses, certaines un peu grisées par ce jeu dont elles comprennent clairement l'aspect fictif et d'autres se projetant carrément dans le mariage, du grand délire qui va souvent jusqu'aux larmes. Le tout est d'autant plus étrange que l'on réalise qu'une majorité des clientes sont elles mêmes hôtesses dans des bars similaires où des hommes viennent chercher réconfort et interactions contre monnaie sonnante et trébuchante.

Les hôtes de leur coté reconnaissent bien gagner leur vie mais sont physiquement et psychologiquement assez perturbés par leur métier, être sans cesse dans un simulacre de relation amoureuse dans lequel les deux parties sont normalement conscientes de jouer la comédie... tout en la jouant à la perfection, ajouté à la prise répétée et abusive d'alcool chaque soir nous laissent fasse à des gamins de 20/25 ans complètement démolis, la scène finale du documentaire est sidérante, alors que la ville se lève et part travailler, les jeunes hôtes raides morts, à 4 grammes d'alcool dans chaque bras, physiquement rincés sortent de leur antre souterraine pour rentrer chez eux, et ressemblent plus à des rescapés d'un passage à tabac ou d'un débarquement militaire sur les plages normandes qu'à de jeunes dandys briseurs de cœurs.

Le documentaire se penche sur une niche du milieu de la nuit à Osaka et laisse sur le cul tant par la découverte d'un univers dont les codes nous sont étrangers que par la violence que s'infligent les différents protagonistes que l'on y rencontre.
Kayasse
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le 19 nov. 2014

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