The Green Knight est, un peu à l'image de ce qu'avait pu proposer Garrone avec son Tale of Tales il y a quelques années, une tentative de méta-commentaire filmique sur une forme littéraire fondamentale : ici, le roman courtois.
Le film retrace une aventure de Gauvain qui, de dépit de n'avoir encore pu s'illustrer, relève le défi d'un mystérieux être végétal venu jeter le trouble à la cour. Le chevalier pourra lui porter un coup le premier, qu'il devra recevoir en retour un an plus tard jour pour jour, le matin de Noël. Après avoir tranché la tête de ce dit « chevalier vert », le compte à rebours s'enclenche pour Gauvain qui part en quête répondre à son destin.
Le film est, traditionnellement, écrit de façon épisodique en enchaînant les petits îlots narratifs au sein d'un fil elliptique et un peu lâche : l'aventure de Gauvain, passée l'introduction, constituera en une suite de rencontres étranges ou surnaturelles qui formeront autant d'épreuves à même de permettre au héros d'illustrer ses vertus. Le souci, c'est que comme toute une frange déconstructrice chiante du cinéma américain aujourd'hui, le traitement du protagoniste sera systématiquement anti-héroïque et démythifiant.
The Green Knight se prend ainsi à peu près tout le temps les pieds dans le tapis avec un discours éculé sur la médiocrité inhérente à l'homme qui fuit ses possibilités martiales, morales, érotiques, que sais-je encore. C'était marrant y a déjà un siècle maintenant dans la littérature moderne, est-ce qu'on a le droit de passer à autre chose un jour dans la catégorie de l'initiatique ?
C'est dommage parce que le film a une plastique incroyable qui travaille autant les jaunes maladifs des films de jungle que la sécheresse grise et brune des landes arides. On saute de scènes conçues comme des génuflexions flamandes noyées à l'encre à un travail presque byzantin sur le gros plan – et Dev Patel est pour ça superbement casté – en passant par des inspirations préraphaélites attendues mais maîtrisées. On est doublement gratifiés par une très belle scène de peinture d'ailleurs qui inscrit dans le film même cette recherche constante du symbolisme visuel efficace.
Mais tout ça pour un film qui cherche toujours à se saper, en accordant très mal son surnaturel débridé à un comportement banal et passif de son personnage dépouillé de tout caractérisant (il n'est même pas si lâche et égoïste que ça sur l'ensemble de l'intrigue).
Accepteriez-vous de fouiller le désert si on vous rappelait constamment qu'il n'y a pas de trésor dans le sable ?