Rares sont les réalisateurs qui parviennent, aujourd'hui, à réaliser des films d'horreur qui tiennent la route et ne se contentent pas d'être des ersatz insipides d'un genre qui peine à se renouveler. Entre slashers insipides et course à la surenchère visuelle, les bobines qui valent réellement le coup d'oeil se comptent sur les doigts d'une main. Ses dernières années, à part Rob Zombie et son univers rock&roll trash, [REC] premier du nom et quelques bonnes surprises (Trick'R'Treat pour n'en cite qu'une), l'amateur de sensations autres peine à trouver son compte. Mais dans l'ombre, des petits gars passionnés qui ont ingurgité des mètres de pellicules obscures existent toujours et lorsqu'ils ont la possibilité de s'exprimer, ces acharnés parviennent à renouer avec les belles années qu'a connu le genre horrifique.
Ti West est de ceux là. Avec The house of the devil, il réalise un film qui se place directement dans le sillon du cinoche horrifique malin de Argento ou Carpenter, qui parvenait, avec peu de moyens et de la débrouille, à générer des ambiances inquiétantes pour prendre aux tripes leurs spectateurs. Pas d'éviscération sans sommation dans la proposition de West, tout, ou presque, y est suggéré par un montage malin et une capacité à générer une tension palpable qui s'invite dans notre poitrine.
Et pourtant, West ne joue jamais au petit malin, s'évite les jump-scare faciles et prend son temps. Outre un assaut de violence aussi puissant qu'il est éphémère en première partie de bobine, il ne crée son ambiance stressante qu'avec cette frêle actrice qui visite, de façon espiègle, la demeure inquiétante qui n'est censée abriter qu'une vieille dame inoffensive. Mais ça suffit, les jeux de lumière qui se créent dans les étroits couloirs où évolue la jeune mamiesitter laisse planer un sentiment d'inquiétude que Ti West exploite aux moments opportuns pour confirmer un final malsain à venir.
Ainsi, lorsque le dernier acte se met en place, qu'une coupure de courant annonce la mise à mort prochaine de notre petite effrontée qui aime fouiller les placards, c'est avec évidence. Des doigts filiformes qui se glissent dans l’entrebâillement d'une porte et l'on comprend que l'heure est venue. Et c'est à ce moment précis, celui où Ti West doit faire preuve d'ingéniosité, de créativité pour nous emporter complètement, qu'il se prend les pieds dans le tapis. En lieu et place de la séquence malsaine à laquelle on était en droit de s'attendre, après avoir frissonné pendant une bonne heure et demie, on se voit servir un rite maladroit qui n'offre aucune surprise. Pire, cette présence que l'on attendait de pied ferme, pour l'avoir imaginée, est bien décevante en plus de n'être présente que quelques minutes à l'écran.
C'est bien dommage, The House of the devil méritait une fin à la hauteur de cette subtile passion qui avait servi le reste de la bobine. Elle n'est pas manquée au sens propre du terme, si l'on excepte sa seule faute de goût, son épilogue à l'hôpital, inutile, qui fleure bon le téléfilm M6 (:sad:), mais Ti West manque cruellement de rassasier ce spectateur qu'il a chauffé pendant 90 minutes. Reste par contre à son crédit cette belle gestion du suspens et de l'espace dont il a su faire preuve, ainsi que cette retenue appréciable en effets visuels gratuits, qui font de ce film motivé par la débrouille, un joli représentant du genre horrifique de ces dernières années.