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The Incorruptible fait partie de la mini mode des polars en costume qui a sévi à Hong Kong durant la première moitié des années 90. A première vue, rien ne distingue cette production des autres métrages du genre et certainement pas la présence de Ray Lui, acteur quasi incontournable pour ce type de films après sa participation à l'œuvre fondatrice qu'est To Be Number One. Mais, à y regarder de plus près, The Incorruptible a deux caractéristiques qui fondent sa spécificité. Traitant d'un épisode de la vie de l'officier Charles Lee, le film peut s'enorgueillir d'avoir eu comme conseiller technique... le véritable Charles Lee ! Si on ajoute à cela que le réalisateur n'est nul autre que son propre fils, cela fait deux bonnes raisons de penser que The Incorruptible proposera une description réaliste de l'époque et de sa lutte contre le crime. Et pourtant, malgré ces éléments de départ prometteurs, le long métrage de Lee junior peine à se distinguer du tout venant de la production de l'époque.

La contribution de Charles Lee a l'élaboration d'une police de Hong Kong moderne n'est pas négligeable, son combat contre les triades préfigurant la création de la fameuse O.C.T.B. Cependant, cette vie bien remplie doit être décrite au sein d'une production d'envergure modeste (le budget n'est pas énorme) qui implique des ambitions revues à la baisse de la part de son réalisateur. Cette nécessaire modestie se ressent dans la courte durée du film et, donc, dans le développement minimal que connaissent les personnages. C'est bien sûr celui de Lee en premier lieu qui est touché. Dès le début du film, on rentre dans le vif du sujet, il n'y a pas d'explication particulière donnée quand aux ambitions de Lee ou ses rapports avec la puissance coloniale. The Incorruptible va à l'essentiel, parfois un peu abruptement (voir la manière dont les émeutes des années 50 sont évacuées), quand au personnage de Charles Lee, synthétisé comme un policier modèle, un authentique incorruptible. Sa relation avec sa femme est réduite au strict minimum (ils s'aiment sincèrement, on n'en saura pas plus), tout comme ses interactions avec ses collègues de travail. Au crédit de Barry Lee, il faut reconnaître qu'il tire le maximum du peu de temps dont il dispose et qu'une authentique chaleur dans les personnages se fait tout de même ressentir. De même, on ne peut pas blâmer The Incorruptible d'un quelconque manque de rythme, resserré comme il est sur son récit principal.

La difficulté de Lee de traiter dignement son sujet est encore accrue par les conséquences de la vague de polars d'époque qui l'ont précédés et ont imposés un certain nombre de standards au genre. Cette influence se ressent dans l'accumulation des scènes d'action, correctement emballées par ailleurs, qui ne sont pas toutes forcément nécessaires au récit mais garantissent qu'une certaine partie du public y trouve son compte.
Ce conformisme se retrouve également dans certains personnages emblématiques du genre, pas forcément très réalistes mais quasi inévitables. On pense ici à la bonne vieille chanteuse de cabaret sexy (dont on ne peut pas dire qu'elle fasse grandement avancer l'histoire), au chef du crime local (dont c'est surtout l'interprétation de Waise Lee qui le fait lorgner vers un sous Robert de Niro tendance Incoruptibles de De Palma) ou à son homme de main nécessairement allumé.

Ce recours à certains archétypes, cette impossibilité pratique d'un récit ambitieux et réaliste et la mise en scène correcte mais sans véritable touche personnelle de Barry Lee font de The Incorruptible un spectacle agréable mais quelconque. Une honnête série B en costume à défaut d'une grande fresque d'époque, incapable de surpasser les (petites) références que sont les Lee Rock et autres To Be Number One.
Palplathune
6

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le 28 févr. 2011

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