The Informant! ou comment je me suis faite escroquer!

On a l'impression que sans le point d'exclamation ajouté au titre , l'affiche et la bande-annonce alléchante, on ne pourrait pas comprendre qu'il s'agit d'une comédie. Même la typographie, la photo, les décors et les costumes ringards, ainsi que la musique digne d'Austin Powers donnent plus une impression late seventies qui rappelleront aux connaisseurs les Messages à caractère informatif de Canal +, que les années 90 où sont censés se dérouler les faits. En effet, cette histoire relatant le véridique pétage de plombs de Mark Whitacre, brillant chimiste grassement payé dans l'industrie agro-alimentaire Archer Daniels Midland, dénonçant un système dont il fait pourtant partie au FBI, aurait pu être un thriller complexe, mais entre la lenteur de la première partie et le fantasque de la deuxième, on en perd quelque peu son latin.

Et c'est là que le film paraît inégal : l'axe comique était-il vraiment une nécessité ? Matt Damon campe à la perfection le rôle (il a pris 13 kg pour le film) mais n'est pas vraiment drôle, surtout que la première partie explique la mise en place de la collaboration de Whitacre avec le FBI, ayant pour conséquence de longs dialogues assez techniques, voire ennuyeux (perso je me suis endormie, quand je me suis réveillée et que j'ai maté à ma gauche, ma voisine c'était endormie également, laissant élégamment entrapercevoir un joli p'tit filet de bave).

En prenant le parti de tenir le spectateur en haleine et voulant mettre ce dernier dans la même position que le FBI, à savoir l'incrédulité et l'incompréhension, Soderbergh ne laisse entrevoir que petit à petit la véritable nature du protagoniste. Le film peine à entrer dans le vif du sujet et le rythme s'en trouve brisé, sachant que certaines scènes semblent réellement dispensables. Puis il y a la deuxième partie, plus distrayante, parfois franchement drôle, mais pas assez approfondie. On découvre la mythomanie de Whitacre, et ses incessants mensonges qui prennent la forme de l'arbre qui cache la forêt, sauf qu'on ne comprend jamais ses motivations, on se demande s'il est fou, puis on nous explique que non... Bref, le personnage, qui pourtant commente ses actes, n'est traité qu'en surface, et c'est bien dommage.

On s'attache malgré tout au protagoniste, à sa naïveté, à sa femme qui croit en lui contre vents et marées. Tel L'Adversaire décryptant la mythomanie de Jean-Claude Roman (et adapté au cinéma par Nicole Garcia), on voit à quel point le mensonge peut mener loin, jusqu'aux derniers retranchements, sauf qu'ici, ce n'est pas « grave » : point de morts, mais des millions de dollars détournés. Au final, on a le sentiment qu'il faut avoir de bonnes notions en économie pour comprendre les tenants et aboutissants de ce film, et c'est là que le pari du réalisateur n'est pas tenu : la légèreté et l'humour ne suffisent pas à vulgariser la complexité du cas traité. C'est pourquoi The Informant! demeurera une œuvre secondaire dans la filmographie de Steven Soderbergh.
Djool
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le 1 oct. 2010

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Djool

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