Alors c'est Mata-Hari, Raspoutine, Erik Jan Hanussen, Gavrilo Princip (et d'autres, en bout de table, qu'on ne présente pas et qui ne servent à rien), menés par un obscur berger pour provoquer une guerre mondiale dans le but final d'obtenir l'indépendance de l'Ecosse. Ces comploteurs se réunissent de temps en temps, en pleine guerre mondiale, dans leur repère du Cachemire, pour des réunions qui ont l'impression de durer dix minutes (c'est évidemment plus théâtral que d'envoyer des télégrammes ou du courrier, et bien plus commode pour l'histoire). On a même en prime Hitler qui élimine la famille impériale de Russie.

Au milieu de cette farce on a cette histoire très premier degré de Conrad qui ne souhaite rien d'autre que de s'engager pour son pays, et mourra dans une tranchée, tué par un soldat de son camp (ah la boulette) dès sa première mission (au moins le film montre assez bien l'absurdité de la guerre), et on a aussi beaucoup de moraline (de l'anticolonialisme facile, une scène dans les camps de concentration anglais pendant la guerre des Boers...).

Etrangement, la chronologie des événements est assez fidèle (assassinat de l'archiduc, mort de Raspoutine, Révolution, entrée tardive des Etats-Unis dans la guerre...) la seule petite chose qu'ils ont modifié de la Grand Guerre, c'est que la France n'existe pas. On a vraiment le Royaume-Uni et la Russie contre l'Allemagne, puis le Royaume-Uni seul après le retrait russe, et c'est tout. Il n'y a pas non plus d'Autriche-Hongrie ou d'Empire Ottoman d'ailleurs (dommage, tant qu'à y être ils auraient pu rajouter des guignolades avec Lawrence d'Arabie).

Sinon c'est assez raté dans l'ensemble. Le méchant sort de nulle part, a rassemblé son équipe on ne saura jamais comment, a on ne sait quels moyens de pression sur eux, et a un plan complètement foireux (tout ça pour l'indépendance de l'Ecosse, sérieusement...). Quelques scènes sont bien trouvées (le combat de nuit à l'arme blanche) mais on regarde passer tout ça sans trop d'intérêt. Ça manque d'enjeux en fait : avec leur réseau de femmes de chambre et de majordomes (mais c'est tellement intelligent, pourquoi personne n'y a jamais pensé ?) ils sont au courant de quasiment tout ce qui se passe dans le monde. Les facilités scénaristiques sont incessantes (la voiture de l'archiduc qui rentre dans un sens interdit, la scène du sous-marin, les foulards dont la laine n'existe qu'à un seul endroit précis dans le monde...). Aucun des supers-méchants n'est développé, alors que les circonstances de leur réunion (façon Suicide Squad ou Ligue des Gentlemen) aurait fait un film plus intéressant. Daniel Brühl (Erik Jan Hanussen) ne sert à rien à part annoncer un quatrième film (on le sent un peu à l'étroit comme second couteau), tout comme Aaron Taylor-Johnson, qui obtient son grade de Lancelot assez facilement alors qu'il a tout le temps l'air de se demander ce qu'il fait là.

C'est nettement en-dessous des deux précédents, qui étaient déjà loin d'être des chefs-d'œuvre. Et puis les combats sont plus réalistes (donc moins jouissifs) que dans les précédents.

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le 3 juil. 2022

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