Incompris par leurs parents, trois adolescents se construisent une cabane dans les bois pour échapper au monde des adultes. Dit ainsi, ça n’a pas l’air bien original. En fait, en dix minutes, "The Kings of Summer" commence par détruire le film de campus, sur les ruines duquel se construira petit à petit une fable maniériste, voire maniérée.
La photographie est soignée, les couleurs somptueuses, les cadrages léchés. Mais Vogt-Roberts a tendance à en faire trop, comme s’il voulait prouver au monde qu’il sait tout filmer, depuis la vue d’ensemble sur une forêt jusqu’au gros plan d’une abeille qui butine. Les flash-backs en inserts, les jolis plans allégoriques, les nombreux ralentis en montage haché sur fond musical planant et plus ou moins branchouille ne sont pas ce que le film propose de mieux. On prendra ça au mieux comme un péché de jeunesse, au pire comme le truc cynique d’un réalisateur qui a tout compris à l’esprit « Sundance / Deauville » et cherche à faire le film le plus indé possible.
En-dehors de ça, "The Kings of Summer" ne s’éloigne guère des préoccupations adolescentes — grandir, être amoureux, tout ça. Les personnages sont crédibles parce que les comédiens s’en tirent bien, à moins que ce soit l’inverse. La relation à distance entre Joe l’anxieux et son désabusé de père, notamment, sonne juste, et quelques touches d’humour à froid allègent l’ensemble.