Love Story en Birmanie (avec spoiler)

On m'avait depuis longtemps vanté ce film comme un biopic passionnant sur la vie d'une femme politique passionnante, brillante, étudiante d'Oxford, lauréate du prix Nobel de la Paix de 1991, la fille du général Aung San (qui a négocié l’indépendance de la Birmanie et qui a été assassiné en juillet 47 six mois avant l'indépendance), ayant fini ses études sur un doctorat, chef de l'opposition à la dictature en place en Birmanie, pacifiste, non violente, assignée à résidence sur le territoire birman de 1990 à 2010 (!) qui a épousé Michael Aris, historien qu'elle a rencontré lors de ses études à Oxford et ils étaient très amoureux et elle l'aimait fort.


En bref, Aung San Suu Kyi, une femme brillante, une héroïne nationale pour la Birmanie, une femme de lettre, une lauréate de Prix Nobel de la Paix, une représentante à l'internationale de la lutte pour la démocratie... Qui a épousé Michael Aris... Et ils étaient très amoureux et elle l'aimait très fort.


Bref le film s'ouvre sur une courte période de l'enfance de Suu (je me permettrais dans cette critique de l'appeler Suu à l'avenir parce que mine de rien, "Aung San Suu Kyi" c'est super dur à écrire), le temps de voir son père se faire assassiner, bonjour monsieur au revoir monsieur, tu feras de grandes choses ma filles, ok.


Puis elle a épousé Michael Aris et ils sont très amoureux et elle l'aime très fort.
Ils sont heureux, ils ont deux enfants, mais la mère de Suu tombe malade. Suu doit rentrer en Birmanie en urgence, "pour deux semaines minimum". Arrivé en Birmanie elle est immédiatement placée sous surveillance à son insu par le général-dictateur-vieux-grigou-méchant-pas-beau (on ne sait pas pourquoi ni comment parce que l'importance du rôle de son père dans l'indépendance Birmane n'est pas compréhensible, toutes les infos de mon intro sont le fruit de recherches parallèles).


Puis son mari et ses fils la rejoignent et la machine politique se met en route, les opposants du régime viennent la voir pour lui demander de devenir la cheffe de l'opposition. Elle dit ok mais le général méchant l'apprend et fait annuler les visas de son mari et de ses enfants. Et à partir de là, daphoque.


La machine politique est lancée scénaristiquement, et l'histoire choisit de switcher entre Michael tout seul et triste et amoureux, et Suu, toute seule et amoureuse, vaguement entrecoupée d'actions politique parce-que-quand-même-les-gars-elle-a-fait-des-trucs-bien-faut-le-mettre-dans-le-film-à-un-moment-hein.


Et sinon elle est pacifiste. Et elle a épousé Michael Aris et ils étaient très amoureux et elle l'aimait très fort.


Les épreuves s'enchaînent, et la seule préoccupation de l'intrigue c'est "Michael Arris va-t-il obtenir son visa?" (Eh oh le biopic-sur-Aung-San-Suu-Kyi, à côté elle est juste leader du parti des opposants à la dictature et la figure de proue de la lutte pour la démocratie sinon accessoirement... Si le BIOPIC pouvait se concentrer sur sa vie plutôt qu'uniquement sur sa relation avec son mari...?)


AH BEN NON PUISQU'ELLE A ÉPOUSÉ MICHAEL ARIS ET QU'ILS ÉTAIENT AMOUREUX ET QU'ELLE L'AIMAIT TRÈS FORT.


Grrrr. Déception, qaund tu nous tiens...


En bref ce film relève plus du drame romantique tire-larme que du véritable film biographique (biopic-lol) en ce qui concerne le prisme par lequel est abordé l'histoire de cette femme. Qui a épousé Michael Aris... Et ils étaient très amoureux et elle l'aimait très fort.


Avec tout ce que je vous ai cité en intro, la richesse intellectuelle dont est parsemée sa vie et dont elle parsème le monde (go ses écrits), tout ce que cette femme représente pour la démocratie et la non violence, toute la bravoure et la force dont elle fait preuve pour tenir un pays à bout de bras, toute cette brillance résumée à "elle a épousé Michael Aris et ils étaient très amoureux et elle l'aimait très fort."...


Bon... Il est gentil monsieur Besson, mais s'attendre à un film revendiqué "biographique" sur une personnalité de cette envergure, et tomber sur un tire larme, un drame romantique médiocre parsemé de vague "je fais de la politique" en arrière plan, merci mais non merci.


C'est décevant, insultant même. Au pire si vraiment ça vous fait plaisir de mettre en scène Aung San Suu Kyi dans un drame romantique, prenez une actrice, collez lui des cheveux oranges et quelques bandes de tissus pour faire genre elle est habillée, créez lui une histoire d'amour et faites tourner l'intrigue autour malgré son statut de sauveuse de la galaxie et prix Zobel de l'Arpège 91 si vous voulez, mais pitié ne faites pas de biopic sur une femme si c'est seulement une excuse pour en faire une potiche amoureuse déguisée en femme importante.


Vous l'aurez compris, ce film m'a bien déçu.


Parce que tout ce qu'il raconte, ce film, c'est "elle a épousé Michael Aris et ils étaient très amoureux et elle l'aimait très fort."

IM4x
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le 23 févr. 2017

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