Virage intéressant que prend Luc Besson pour sa 14° réalisation.
En effet, bien loin des reconstitutions historiques (Jeanne d'Arc) ou des films d'action (Nikita, Léon...), Besson nous livre ici un biopic qui dresse le portrait puissant d' Aung San Suu Kyi. Mais le point de vue du réalisateur diffère du biopic classique car Besson préfère focaliser l'intrigue sur les relations qu'elle entretient avec sa famille anglaise. Le propos est enrichi par cette amour familial vrai qui touche et donne un côté plus accessible à cette "Orchidée de fer".
Michellle Yeoh est tout bonnement impeccable dans ce rôle, la ressemblance avec la vraie Aung San Suu Kyi étant d'ailleurs très frappante. David Thewlis excelle aussi et interprète avec finesse son rôle de mari aimant et de père de famille. Mais cette famille est envahie, et Besson le montre très bien, par la cause politique. La famille unie se retrouve non plus à 4 mais à 10 parfois ; les photos de famille et les scènes de repas l'illustrent à merveille.
Le tout est magnifié par des images sublimes, aussi bien de paysages que de visages (à l'image du plan final) qui résulte d'un vrai travail (symétrie remarquable de certains plans, usage fin et pas trop lourd du ralenti qui, souvent difficile à utiliser sans créer un effet ridicule, apporte ici du poids aux images...). Besson nous enrichi le tout par des trouvailles ingénieuses ; "Su" prend la place de son père lorsque le portrait de ce dernier passe derrière elle ou encore un référence intelligente à la photographie de Marc Riboud "La Jeune Fille à La Fleur"...
Mais malgré ces gros atouts, le film perd de sa portée par un traitement très manichéen du gouvernement birman et des hommes qui le composent. Ainsi on frôle parfois le ridicule voire le burlesque, à l'antithèse de l'idée que le film souhaitait véhiculer. Même si la présence permanente et angoissante du gouvernement est réussie, ce dernier est caricatural ( à l'image des différents chefs qui beuglent leurs ordres et frappent sur les tables dans des scènes inutiles de quelques secondes seulement...). Le tout aurait eu beaucoup plus d'impact à mon sens si le "méchant" n'avait jamais vraiment été montré et si sa présence insidieuse s'était manifestée par des actions surprenantes car non annoncées... Dommage car la violence qu'il utilise est souvent d'un réalisme émouvant, souligné par la musique réussie d'Eric Serra (avec la présence sublime et émouvante des Canons de Pachelbel !).
Enfin le film perd de son intensité car il est, dans la deuxième partie, majoritairement fondé sur des scènes de discussions téléphoniques trop longues et pesantes qui desservent le propos et ralentissent l'ensemble.

Néanmoins le film reste bon, surtout pour le portrait d'une femme à mon goût trop peu connue qu'il dresse.
Besson aura eu le mérite de réaliser ce film pour défendre une cause et la faire un peu plus connaitre à travers le monde.
Charles Dubois

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