Bon, les comédies sociales anglaises tout le monde connait. C’est devenu un genre en soit, balisé, avec ces propres codes. Une recette basée sur un humour typiquement british et une vision à la fois critique et tendre de la classe moyenne. Le tout servant principalement à mettre en exerce un contexte social difficile toujours centré sur l’individu plutôt que sur la population générale. C’est typiquement ce que proposent certains chefs d’œuvre du genre comme Full Monty ou Billy Elliot.


C’est aussi ce que l’on retrouve dans Lady in the Van. Cette petite communauté d’individus « so british » tellement attachant qui se trouve confronté du jour au lendemain à la précarité. Une précarité représenté ici par Miss Shepherd, une marginale vivant dans son van et qui décide de s’installer au milieu d’un quartier résidentiel de Londres. Le film nous emmène clairement dans un terrain que l’on connait. La classe moyenne y est à la fois bienveillante et hypocrite, tandis que les marginaux sont à la fois excentriques et poètes. Tout est mis en place pour que l’on ne se perde pas, que l’on rigole quand l’on doit rire et qu’on pleure quand l’émotion devient plus forte.


C’est peut-être d’ailleurs là que le film devient critiquable. A force d’être trop balisé, le film ne surprend jamais. Certes, il est parfois très drôle et nous sommes souvent ému par le parcours de cette étrange de dame au van. Mais du début à la fin du film l’on sait vraiment à quoi s’attendre. Il y a parfois un manque d’audace frustrant. Le manque d’enjeu conduit même le film à quelques longueurs. L’on pense par exemple à la sous intrigue concernant le personnage de Jim Broadbent qui est à peine esquissée pour trouver son dénouement dans les dernières minutes dans l’indifférence générale.


Finalement, l’originalité est plus à chercher dans le cheminement du personnage d’Alex Jennings. Le parallèle de la relation qu’il entretient avec Lady Shepherd d’un côté et avec sa mère de l’autre est très bien construite. De même que sa difficulté à sortir de son rôle d’écrivain pour affronter le quotidien. L’acteur dégage une vraie sensibilité sous une apparence froide et calculatrice. Le voir confronté à la folie de Maggie Smith est un vrai bonheur. D’ailleurs il faut absolument vanter la prestation de Maggie Smith tant celle-ci est bluffante ! A la fois rayonnante et répugnante, hilarante et détestable, elle est surtout touchante. Rien que pour son interprétation le film doit-être vu. Je vous invite donc, malgré quelques réserves, à passer deux heures au côté de cette Lady. Le temps vous semblera peut-être parfois un peu long mais vous en ressortirai avec le sentiment d’avoir fait une belle rencontre.

cuervo_jones
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le 20 mai 2016

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