Il y a des documentaires qui vous apprennent des trucs, il y a des documentaires qui vous racontent des histoires. The last Hillbilly raconte l'histoire de Brian Ritchie, de sa famille, de sa poésie, le dernier homme à vivre loin du monde, au fin fond des appaches dans le kentucky. Une région desertifiée par la fermeture des mines où seuls subsistent la pauvreté... et Brian Ritchie.


Ca a un gout de fin du monde, de désert rural, de quelque chose qui, quelque part, déraille. Alors, quand les deux réalisateurs atterissent dans un diner au fin fond du kentucky, Brian Ritchieest trés surpris. C'est ainsi que débute leur amitié qui donnera ce documentaire. C'est un peu dans cette ambiance crépusculaire, cette prophétie auto-réalisatrice d'une campagne qui se délite que j'ai grandi, de l'autre coté de l'Atlantique. Et ce vide, cette impression de solitude absolue, si forte, qu'on a d'autres choix que de s'y enraciner ou de partir à jamais. Ceux qui reviennent ne sont plus les mêmes.


Ici, ni les réalisateurs ne s'emparent du personnage, ni l'inverse, ils composent une oeuvre à trois mains ou Brian trouve enfin un auditoire pour sa poésie, et joue avec le materiel d'enregistrement se créant une nouvelle voix dans le deuxiéme poéme représenté du film. Dans sa poésie, des fantômes revivent, l'angoisse des eaux polluées, des crêtes qu'on a explosé pour en extraire le charbon, la peur sourde d'hériter d'un monde mutilé. L'eau est le fil conducteur du récit. C'est la qu'on meurt au début du film, mais c'est aussi là qu'on joue, qu'on s'innitie à la vie.


Le film est tourné en format 4/3 ce qui permet de structurer l'image en gardant dans le plan suffisamment de nature, suffisamment d'humains pour que se créee un portrait aussi harmonieux qu'inquiétant d'un monde régit par les lois de la nature. Loin de l'imagerie des westerns, de ces immenses espaces à conquérir, le film questionne ce qu'il reste à vivre dans un monde déjà conquis, il questionne la place de ceux qui restent quand l'univers autour d'eux s'est effondré. Ce film m'a profondément touché et je ne garanti qu'il en soit de même pour vous tant son parti pris, dans le fond et dans la forme est radical et éloigné de toute forme de classicisme. il n'en reste pas moins un intrigant portrait et une bien étrange représentation du monde.

JulieCarla
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le 13 déc. 2020

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Ju Ju

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