The Last Show par Maxime Pepe Lucho

Notes sur le film : A tort ou à raison, nous avons souvent été très loin de Robert Altman. Ses films emblématiques – MASH (1970), Nashville (1975), Buffalo Bill et les Indiens (1976) - nous laisse de marbre à cause de leur dissolution chorale, et seuls les opus moins vaporeux et plus concentrés, du moins perçu comme tel par nous-mêmes, et qui sont Le Privé (1973), The Player (1992) ou Short Cuts (1993), parviennent à avoir de l’attraction sur nous.

The Last Show, lui, rassemble l’aspect choral caractéristique du cinéaste, avec le resserrement évoqué plus haut, à savoir une unité de lieu - un théâtre - et de temps - 2h de show. Et là, miracle, le film emporte (vraiment) tout sur son passage. Fordien en diable, The Last Show est une radiographie passionnante sur l’Amérique, présente et future, rassemblée en un seul lieu : les cow-boys rigolards venus de l’Ouest – formidables Woody Harrelson et John C. Reilly - côtoient les financiers cupides, grassement incultes, mais tristement modernes - Tommy Lee Jones - ; un privé venu du film noir et purement fictif - Kevin Kline - reconnaît la Mort - Virginia Madsen - qui rode dans le théâtre ; la relève prometteuse - Lindsay Lohan - se mêle à l’expérience - Meryl Streep, Lily Tomlin -, et le tout fait communauté via des chansons, des mélodies, des ritournelles et des anecdotes sur les personnages, qui parviennent à créer un monde vertigineux. Avec une merveille de doigté, Robert Altman mêle passé mythologique, personnages purement fictionnels et questionnement moderniste dans un film émouvant, qui signe la fin de la carrière du cinéaste comme l’achèvement d’une époque.

En somme, le cinéaste ne pouvait finir autrement que sur le constat amer, mais traité joyeusement, que, dans ce monde moderne, le financier a devancé l’art, et l’individualité a supplanté la communauté. Et The Last Show nous montre ce que nous y avons perdu.